House of Cards, la maison du bluff

Kevin Spacey, à la première de la série "House of Cards" de Netflix. © REUTERS/Stephen Chernin
Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

Coup de maître pour Netflix, dont la première série originale, House of Cards, drame politique porté par des poids lourds du cinéma, a directement fait mouche.

Février 2013, Netflix lâche les chiens. D’un coup. Tous les épisodes de cette première saison d’House of Cards sont mis en ligne par la plateforme de vidéos à la demande. Cassant ainsi les processus de diffusion habituels: non seulement la série n’est pas retransmise via la télévision, mais elle est en outre livrée en un bloc compact. Exit la linéarité classique et le petit épisode par semaine. Une tactique qui semble aller dans le sens du vent: le téléchargement illégal sur le Net a bel et bien, et depuis quelques années déjà, bougé les lignes du phénomène séries, obligeant des acteurs majeurs de la Toile (Netflix, mais également Amazon, en attendant d’autres ténors) à repenser leur approche en la matière. Netflix, spécialisée dans la location de films, documentaires et séries, a donc décidé d’y aller de sa propre production. Et le moins que l’on puisse écrire, c’est qu’elle a eu le nez creux.

Politique et shakespearienne, House of Cards nous emmène dans le sillage de Frank Underwood, éminent membre démocrate du Congrès. L’élection présidentielle à peine archivée, Underwood se verrait bien, en sa qualité de « whip » (sorte de parlementaire en chef d’un groupe politique), briguer un mandat de secrétaire d’Etat. Sauf que le Président oublie illico sa promesse, déclenchant chez le député une fureur qui, rapidement, va se transformer en désir de vengeance. Et se matérialisera par une ambition politique on ne peut plus incisive, cynique, voire machiavélique.

Sur papier, House of Cards avait tout d’une grande en devenir. Et elle ne déçoit pas. Si le nom de Beau Willimon, à qui l’on doit l’adaptation de cette série anglaise éponyme, ne vous dira probablement pas grand-chose, il n’en est pas de même pour David Fincher, Kevin Spacey ou encore Robin Wright. Le premier cité, l’une des figures clés du cinéma américain contemporain, réalise le pilote et assure la production exécutive. Quant à Kevin Spacey et Robin Wright, ils endossent les rôles principaux de ce drame politique solide et haletant. Au point de voir le Président Obama déclarer récemment qu’il attendait avec impatience la saison 2 (qui sera disponible en février)…

Souvent comparée à l’excellente série Boss, House of Cards se distingue par un côté légèrement plus outrancier dans les intentions, le procédé utilisé -Kevin Spacey s’adressant directement au spectateur pour commenter les scènes- pouvant fasciner autant qu’agacer. Malgré les quelques réserves que l’on pourrait nourrir sur ce côté parfois un peu appuyé du trait, les treize épisodes se révèlent absolument passionnants. Avec quatre nominations aux prochains Golden Globes (et neuf aux derniers Emmys, où elle est passée à côté des prix majeurs), la série s’est d’ailleurs directement installée dans le peloton de tête des fictions contemporaines qui comptent. Mérité.

House of Cards – saison 1

Guy Verstraeten

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