Critique

Étreintes brisées

Ce film d’Almodovar parle d’amour et de cinéma, à travers le souvenir d’un accident qui enleva tout à la fois la vue et la femme de sa vie à un réalisateur.

ÉTREINTES BRISÉES, DRAME DE PEDRO ALMODOVAR. AVEC PENÉLOPE CRUZ, LLUIS HOMAR, BLANCA PORTILLO. 2009. ****
Ce mercredi 9 mai à 20h35 sur Arte.

Étreintes brisées s’inscrit dans la ligne des grands mélodrames flamboyants et chargés d’émotion que sait réussir Pedro Almodovar. Le réalisateur espagnol de Tout sur ma mère a toujours admiré le meilleur du genre, l’oeuvre de Douglas Sirk en tête. Et il a le talent, la personnalité, pour en transposer les codes et les subvertir à la lumière solaire de son pays.

Extraordinairement émouvant, le film parle d’amour et de cinéma, d’un présent hanté par le passé, par le souvenir d’un accident qui enleva tout à la fois la vue et la femme de sa vie à un réalisateur réputé. Voici quatorze ans déjà qu’un crash fatal en voiture a fait perdre la vue au célèbre Harry Caine, auteur admiré, doublé d’un cinéaste signant ses films de son véritable nom: Mateo Blanco. Ravagé par la cécité, et surtout par la mort de Lena, il a décidé de tuer Mateo Blanco pour laisser toute la place à Harry Caine. Il vit alors de l’écriture de scénarios, aidé de son ancienne directrice de production et du fils de cette dernière. Ayant aiguisé tous ses autres sens, l’homme a voulu effacer à jamais le souvenir de son amour disparu. Pourtant, les flammes de sa passion pourraient bien renaître, douloureusement renaître… Amour fou, aveuglement (au sens réel et figuré), jalousie dévorante, trahison et coups du destin sont au menu d’Étreintes brisées, où Lluis Homar tient le rôle central mais où Penélope Cruz fait l’une de ses plus belles créations.

Almodovar présente son film comme « une déclaration d’amour au cinéma, à ses éléments matériels, aux personnages qui se démènent autour des projecteurs, aux acteurs, monteurs, narrateurs, à ceux qui écrivent, aux écrans sur lesquels on visionne les images qui donnent vie aux intrigues et aux émotions. » Et il définit son rapport au 7e art comme « une passion irrationnelle ». Une passion très communicative!

Louis Danvers

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