Critique scènes: Ce qu’elles nous content de la vie
Dans Elle et mon genre, Alberto García Sánchez effleure la question du genre avec son incroyable talent de conteur toujours prêt à solliciter notre imagination.
« Pourquoi tu ne créerais pas un spectacle sur les femmes ? » La question a déstabilisé profondément Albert García Sánchez qui nous raconte d’entrée la gestation de son spectacle. Comment lui hétéro, cisgenre, blanc et européen de plus de 50 ans peut-il transmettre le vécu, l’histoire de celles qu’il n’est pas ? Trop d’enjeux pour un seul homme ! Mais il parvient toutefois dans son spectacle Elle et mon genre à trouver un stratagème pour nous en parler malgré tout.
On ne vous enlèvera pas la surprise et le plaisir de le découvrir sur scène, mais il pose d’entrée la question de la légitimité de prendre parole pour autrui. Sans polémiquer pour autant, puisque la force du seul en scène de cet artiste aux origines catalanes tient en sa capacité à effleurer tant les sujets qui fâchent que ceux qui émeuvent en sollicitant sans cesse notre imagination. Stéréotypes, poncifs et préjugés volent délicatement en éclats. Histoires d’héroïsme au quotidien, anecdotes ou contes de fées détournés, la pilule militante est douce car jamais le conteur ne s’efface derrière la cause, prouvant par sa dextérité que deux gestes et deux bruitages suffisent à situer les petites histoires tendres qui se succèdent sur scène. Au terme d’un spectacle qui aura suspendu le temps et laissé dehors les échanges sourds sur des sujets brûlants, Alberto García Sánchez laisse le public tirer sa conclusion, ne produisant rien d’autres que les étincelles utiles à notre réflexion sur les droits des femmes. Naïf ? gentillet ? Disons plutôt bienveillant.
Elle et mon genre, d’Alberto García Sánchez, jusqu’au 11 février au centre culturel des Riches Claires, Bruxelles. www.lesrichesclaires.be
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici