Critique scène: Moi vouloir être chat

© DR
Estelle Spoto
Estelle Spoto Journaliste

Cats, la comédie musicale que quatre lettres sur un fond noir où brillent deux yeux jaunes aux pupilles dansantes suffisent à identifier, débarque bientôt à Bruxelles. Dans une version West End de haut vol, que nous avons vue lors de son passage aux Pays-Bas.

Bien des jours après, ils sont encore plusieurs à vous trotter irrésistiblement en tête. « Jellicles would and jellicles can / Jellicles can and jellicles do ». « Oh, well I never was there ever / A cat so clever as magical Mr. Mistoffelees ». Et bien sûr, « Memory, all alone in the moonlight / I can dream of the old days / I was beautiful then ». Autant de tubes du prolifique compositeur britannique Andrew Lloyd Webber -le dernier ayant été popularisé mondialement par la version de Barbara Steisand- qui ont fait la gloire de son increvable comédie musicale Cats.

Depuis sa création en 1981 dans le West End londonien, ils sont là, toujours les mêmes, avec leur allure mi-punk mi-glam, poils en pétard, colliers à pointes, collants soulignant le galbe sexy de danseurs ultra rôdés ou manteaux couvrant de fourrure les voix d’opéra. Rum Tum Tugger, Victoria, Mr. Mistoffelees, Old Deuteronomy, Macavity, Gus et la pauvre paria Grizabella: ils sont une vingtaine de félins, sortis de la plume du T. S. Eliot, réunis dans une décharge, pour la grande nuit annuelle où l’un d’eux sera élu pour renaître dans une nouvelle vie. Et avec ça, tout est dit, ou presque. L’intrigue de Cats est aussi épaisse que du papier à cigarette. Logique: elle se base sur un recueil de poèmes, Old Possum’s Book of Practical Cats (1939), galerie de portrait de matous bien typés, mais sans réels liens entre eux.

Critique scène: Moi vouloir être chat

Mais le plaisir de Cats ne tient pas dans son histoire, ce qui pourra laisser perplexes certains adeptes de la veine française de la comédie musicale. D’ailleurs, on lâche bien vite du regard le panneau des surtitrages pour se concentrer sur ce qui compte vraiment: le show, la performance. Il n’y a sans doute que dans le monde anglo-saxon que l’on peut trouver des interprètes capable d’assumer le cahier des charges imposé simultanément par le compositeur, le metteur en scène Trevor Nunn et la chorégraphe Gillian Lynne. Chanter, danser, rester dans son personnage: il faut tout faire en même temps. Et -incroyable mais vrai- ils y arrivent. Jennyanydots, une fois son costume de fat cat tombé, assure un numéro de claquettes. Mr. Mistoffelees enchaîne les sauts de ballet tout en semant ses tours de magie. Skimbelshanks fait surgir une locomotive des déchets. Old Deuteronomy s’élève dans les airs sur un pneu tandis que Grizabella fait porter sa voix jusqu’à la lune pour le grand final. Du spectaculaire comme on en voit rarement.

Cats: du 19 au 24 mars au Palais 12 à Bruxelles, www.palais12.com

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content