Critique

[Critique ciné] Nerve, premier film iconique de la génération Pokémon Go

Emma Roberts dans Nerve d'Ariel Schulman et Henry Joost © DR
Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

TECHNO-THRILLER | Avec Nerve, sorte de Tron de l’ère ultra-connectée, la génération Periscope et Pokémon Go tient enfin son premier film iconique.

Le fétichisme eighties a le vent en poupe. Quand Stranger Things ne remixe pas avec allant les Goonies, E.T. , The Thing et autre Stand by Me au rayon séries, c’est Nerve qui donne dans l’esthétique néons chère à Tron façon Nicolas Winding Refn édulcoré côté ciné. Ça, c’est pour la forme. Puisque, sur le fond, le scénario du film, adapté du best-seller pour la jeunesse éponyme de Jeanne Ryan, intègre allègrement toutes les obsessions de l’époque ultra-connectée.

Le principe? Un jeu sur smartphone diffusé en direct sur Internet propose deux options: être « joueur » ou « voyeur ». Tandis que la première catégorie enquille les défis dans une logique de difficulté croissante, du simple baiser public à un inconnu à des embrouilles de plus en plus borderline, la seconde, qui paie pour regarder, dicte sa loi en communauté accro à la séduction mais aussi à la cruauté.

En adolescente coincée prenant peu à peu goût aux poussées d’adrénaline, Emma Roberts, fraîche comme la rose et gentiment nunuche, y va d’un clin d’oeil sympa à son bagage de scream queen, tandis que Dave Franco, le frère cadet de James, assure ce qu’il faut en badass au grand coeur. Ensemble, ils forment un couple au glam explosif pris dans un engrenage de surenchère à risque (marcher au-dessus du vide, rouler à moto les yeux bandés, ce genre…). Quitte à voir leur identité bientôt ravalée par le rouleau compresseur virtuel.

Schizophrénie virale

Hunger Games 2.0? Black Mirror mainstream? The Game au collège? Battle Royale soft? Rollerball remis au goût du jour? Calibré en film-phénomène pour les ados, Nerve est au fond un peu tout ça à la fois, habillant les toquades en ligne de la génération Periscope et Pokémon Go en valeureux combats de geeks, ces gladiateurs modernes.

Mais s’il fustige le culte écervelé de la popularité et le pleutre anonymat du Web, ce techno-thriller certes un peu naïf et cabotin mais souvent drôle, frais, malin, ludique et vrai, reste avant tout un (bon) spectacle ultrapop emballé dans une coolitude à toute épreuve. Sacrifiant au happy end moralisateur, le film joue ainsi plutôt habilement de ses propres ambivalences, quitte à friser -en toute décomplexion- la contradiction: faisant jusqu’au bout son miel du vide qu’il entend dénoncer, le divertissement assène que la liberté est dans la déconnexion. Un peu schizophrène, mais donc légitimement en phase avec l’époque dont il entend rendre compte.

D’ARIEL SCHULMAN ET HENRY JOOST. AVEC EMMA ROBERTS, DAVE FRANCO, JULIETTE LEWIS. 1H36. SORTIE: 05/10. ***(*)

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