
[Critique ciné] Insoumise, paradoxalement dépourvu d’authenticité
DRAME | Au Maroc, Laila militait avec d’autres jeunes pour la démocratie. En Belgique, où elle est venue travailler dans une exploitation agricole, elle découvre l’existence ingrate et injuste des saisonniers exploités.
Ici comme là-bas, elle lèvera l’étendard d’une nécessaire et légitime révolte… Insoumise développe un propos intéressant, tout en esquissant un portrait en mouvement de jeune femme rebelle, bien décidée à faire valoir ses droits et ceux de ses compagnons d’infortune. Il évoque la frustration d’une certaine jeunesse marocaine au pays, et la vulnérabilité profitable d’une main-d’oeuvre migrante corvéable à merci ou presque. Le tout sur fond de crise économique frappant l’agriculture fruitière. Quant à Laila, jouée avec force par Sofia Manousha (jeune actrice française vue dans La Chute des hommes, Ta mère! et Qanis), c’est un personnage potentiellement captivant. Mais le réalisateur belgo-marocain Jawad Rhalib ne tire qu’un bien faible parti de ces éléments prometteurs. Son scénario est bien trop démonstratif, il argumente avec lourdeur et alimente avec didactisme une ligne dramatique vite devenue totalement prévisible. Les maladresses de la mise en scène n’arrangent malheureusement rien à l’affaire. La sincérité du projet et sa pertinence certaine, thématiquement parlant, se heurtent à des limites qui réduisent Insoumise à une leçon de choses, paradoxalement dépourvue d’authenticité. Dommage, car il y avait là matière à film bien plus prenant et significatif.
DE JAWAD RHALIB. AVEC SOFIA MANOUSHA, BENJAMIN RAMON, HANDE KODJA. 1H20. SORTIE: 15/03. **(*)
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici