Critique

Critique ciné: Good Kill, drone de guerre

Ethan Hawke et Bruce Greenwood dans Good Kill d'Andrew Niccol © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

DRAME | Andrew Niccol retrouve Ethan Hawke pour cette version high tech d’American Sniper, où la guerre au terrorisme se mène à distance respectable, à l’aide d’une télécommande pilotant des drones dévastateurs…

L’Amérique en guerre reste une source d’inspiration inépuisable pour les cinéastes. Ainsi, aujourd’hui, d’Andrew Niccol (Gattaca), qui s’empare, dans Good Kill, d’un sujet aussi fascinant que portant à controverse, puisqu’il y est question de l’usage de drones dans la guerre au terrorisme menée par l’administration américaine. Une matière sensible, envisagée à travers le destin de Tom Egan (Ethan Hawke, une allure n’étant pas sans évoquer celle de Tom Cruise dans Top Gun), ancien pilote de chasse reconverti dans la conduite de drones. Et menant, depuis une base du Nevada et armé de sa télécommande, des attaques contre des cibles distantes de milliers de kilomètres, qu’il s’agisse de talibans en Afghanistan, ou de présumés terroristes au Yémen. Et d’anéantir à tour de bras, avant de retrouver, sa mission quotidienne accomplie, femme (January Jones) et enfants dans un lotissement résidentiel aux confins de Las Vegas. Jusqu’au jour où, de dommages collatéraux répétés en ordres à la légitimité pour le moins discutable, cet American Sniper commence à perdre pied…

Sur les pas d’Egan, Niccol inscrit son propos dans une double dynamique, s’intéressant à la guerre technologique et aux questions éthiques qu’elle soulève, tout en tentant d’en mesurer l’impact psychologique sur ceux qui la mènent. Une vaste entreprise, qui débouche sur un film efficace et souvent passionnant, mais qui a aussi le don de laisser perplexe. Le réalisateur a la dramatisation fort lourde, en effet, et si son souci de ne pas faire oeuvre politique l’emmène en terrain ambigu, ce cap salutaire ne résiste pas à un final grotesque, balayant d’un coup de joystick les réserves morales de son protagoniste, réconcilié tant qu’à faire avec les valeurs familiales de l’Amérique.

D’ANDREW NICCOL. AVEC ETHAN HAWKE, BRUCE GREENWOOD, JANUARY JONES. 1H42. SORTIE: 29/04.

Dans le Focus du 24 avril, notre interview d’Andrew Niccol.

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