Critique

[Critique ciné] Eva, moyennement convaincant

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

DRAME | Eva, le vingt-cinquième long métrage de Benoît Jacquot.

[Critique ciné] Eva, moyennement convaincant
© DR

À l’origine d’Eva, le vingt-cinquième long métrage de Benoît Jacquot, on trouve un roman de James Hadley Chase publié à la Série Noire et déjà porté à l’écran en 1962 par Joseph Losey avec Jeanne Moreau dans le rôle-titre. Comme il l’avait fait de Journal d’une femme de chambre, le réalisateur s’écarte toutefois sensiblement de cette première version – « sans qu’il faille y voir de décision calculée, mon approche est toujours d’oublier les films existants », explique-t-il. Et, non content d’en redéployer l’intrigue de Venise à Annecy, la Eva de Jacquot, que campe Isabelle Huppert avec une gourmandise mutine, tient plus en définitive de la construction énigmatique que de la femme fatale classique, rejoignant en cela un film s’amusant à multiplier les fausses pistes.

Au départ de l’histoire, il y a une imposture: gigolo de son état, Bertrand Valade (Gaspard Ulliel) fait main basse sur un manuscrit laissé par un client dramaturge, mort en sa présence. Petite cause, grand effet: la pièce est un succès dont le jeune homme s’attribue le mérite, bluffant tout son entourage et jusqu’à sa fiancée Caroline (Julia Roy). Pressé par son éditeur (Richard Berry) de lui donner une suite et parti chercher l’inspiration sur les hauteurs d’Annecy, l’écrivain prometteur y fait la connaissance de la mystérieuse Eva, rencontre qui va le bouleverser jusqu’à l’obsession, et l’entraîner dans un engrenage se resserrant inexorablement…

Sur cette trame classique de film noir, Jacquot signe un film surprenant et, pour tout dire, moyennement convaincant. Si l’ouverture est magistrale, laissant augurer d’un fascinant récit à tiroirs, la suite est plutôt quelconque en effet, le cinéaste traitant son intrigue avec trop de désinvolture pour que l’on s’y noie à la suite de ses protagonistes. Si la Eva d’Isabelle Huppert n’est pas sans évoquer la Maîtresse que campait Bulle Ogier pour Barbet Schroeder, tandis que Gaspard Ulliel affiche la fébrilité de circonstance, leur jeu de miroirs n’a, en définitive, de trouble que la surface. Et le spectateur reste confortablement à quai d’un film dont la propreté de l’exécution ne peut masquer le manque de chair…

De Benoît Jacquot. Avec Isabelle Huppert, Gaspard Ulliel, Richard Berry. 1h40. Sortie: 07/03. ***

>> Lire également notre interview de Gaspard Ulliel

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