Critique

[Critique ciné] Coco: que reste-t-il de l’esprit Pixar?

© Pixar
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

ANIMATION | Avec Coco, aventure revisitant le folklore mexicain, Pixar adopte une ligne résolument enfantine, à l’exclusion de toute aspérité.

Que reste-t-il de l’esprit et de l’identité Pixar? Lancinante depuis le rachat du studio d’Emeryville par Disney, en 2006, la question se pose avec plus d’acuité à chaque nouveau film produit en son sein. Si les Wall-E, Là-haut et Vice Versa avaient fait mieux qu’entretenir l’illusion d’une entité créative autonome, Coco semble aujourd’hui sonner le glas de cette indépendance, tant le film s’inscrit sans plus d’originalité que d’aspérités dans le moule ultra-formaté des productions désormais alignées par les successeurs de l’oncle Walt. Un comble si l’on considère que John Lasseter, co-fondateur de Pixar et à l’origine de ses réussites les plus inventives, est aujourd’hui directeur artistique des Walt Disney Animation Studios.

Imagerie mexicaine

Réalisé par Lee Unkrich (Toy Story 3), le film suit les aventures de Miguel Rivera, gamin mexicain et aspirant musicien. Un rêve d’autant plus difficile à accomplir que le terme même de musique est banni de sa famille depuis des générations, après qu’un lointain ancêtre guitariste avait abandonné les siens pour aller tenter sa chance sur les scènes du pays. Refusant toutefois de se décourager, Miguel va entamer un étrange voyage qui l’emmènera jusqu’au Pays des Morts où, en compagnie de Dante, un chien des rues, et de Hector, un compagnon d’infortune, il va tenter de remonter aux sources de la malédiction des Rivera.

[Critique ciné] Coco: que reste-t-il de l'esprit Pixar?

Rien que du très classique dans un scénario qui enjoint à poursuivre ses rêves et à forcer le destin au besoin, non sans réaffirmer bien haut les valeurs familiales. Le tout, assorti de force péripéties et d’un soupçon de sentimentalisme, et déployé dans un univers coloré, empruntant aussi bien à l’imagerie mexicaine -le titre de départ était d’ailleurs Día de los muertos– qu’à celle, plus aseptisée, des dessins animés Disney. Cela ne mange pas de pain, comme on dit, et le film est tout sauf déplaisant -un peu longuet, peut-être, et moins fluide dans l’écriture que la moyenne des productions maison. À l’exception toutefois de l’une ou l’autre scène mémorable -un crochet où se succèdent des aspirants musiciens, ou une chorégraphie aquatique, par exemple-, on est loin de la fantasmagorie attendue et qu’appelait un univers semblant sorti de l’imaginaire conjugué de Tim Burton et de Ray Harryhausen. Un potentiel qui n’est toutefois que timidement exploité, à l’instar de cette formidable idée de portiques de contrôle aux frontières des deux mondes ne débouchant pas sur grand-chose en définitive, Coco s’en tenant, pour l’essentiel, à sa ligne enfantine, à l’exclusion d’un quelconque second degré, sans même parler de double lecture. Si bien qu’en dépit de la qualité de l’exécution, et d’une animation irréprochable, l’ensemble ne laisse qu’une impression en demi-teinte, charmant, certes, mais désespérément lisse…

De Lee Unkrich. Avec les voix (VO) de Anthony Gonzalez, Gael García Bernal, Benjamin Bratt. 1h49. Sortie: 29/11. **(*)

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