Critique

Critique ciné: Club Sandwich, juste, sobre et drôle

Club Sandwich © DR
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

COMÉDIE DRAMATIQUE | L’humour et l’émotion s’épousent joliment dans ce film mexicain minimaliste, chouchou des festivals internationaux.

C’est encore basse saison, et l’hôtel est quasiment désert. Mais le prix est bradé, l’occasion trop belle de prendre quelques jours de détente au bord de la piscine. Paloma et son fils adolescent partagent la même chambre. Par souci d’économie, sans doute. Mais aussi parce que la jeune maman dans la trentaine et son rejeton de quinze ans sont restés très proches. Rien d’incestueux dans leur relation, certes, mais une intimité vécue sans le moindre complexe par une mère toujours assez gamine dans sa tête, et avec un peu plus de gêne par un fiston pas encore réellement dégourdi. Jazmin, une jeune fille de l’âge de Hector, figure parmi les rares clients de l’hôtel. Elle va progressivement s’imposer dans la vie du garçon, sans que Paloma semble y voir quelque problème particulier. Les rapports de plus en plus proches des ados attirés l’un vers l’autre vont simplement mais aussi irrémédiablement modifier à petites touches celui qui existait entre Hector et sa mère. Sans que quoi que ce soit se trouve directement formulé. Sans que rien d’original ou de brutal ne vienne bouleverser la vie des uns ou des autres. Mais tout n’en sera pas moins différent, après que Hector ait découvert l’amour et le sexe. Le spectateur le sait, et Paloma ne peut l’ignorer.

Décalage et répétition

Révélation du cinéma mexicain, Club Sandwich adopte le mode de la chronique minimaliste, tellement prisé par la production d’autres pays d’Amérique latine, Argentine en tête. La vie s’y donne à observer, le temps s’y écoule tranquillement, l’action y est sporadique, peu marquée. Si l’objet fascine et plaît, c’est qu’on y épouse un regard. Celui d’un jeune cinéaste travaillant avec un art discret le matériau du réel. Fernando Eimbcke filme avec justesse et sobriété. Son humour, très présent, s’exprime dans un jeu subtil entre décalage et répétition. L’émotion elle aussi se distille sans bruit, sans rupture d’aucune sorte. Cette petite musique a séduit les sélectionneurs de nombreux festivals, offrant à Club Sandwich un parcours international que la Belgique est une des premières à concrétiser d’une sortie en salles. Les cinéphiles curieux d’expériences différentes ne manqueront pas de s’y risquer. Ils se sentiront invités, un peu comme des amis, un peu voyeurs aussi sans doute mais surtout complices jamais forcés d’un art embrassant la vie, faisant de l’humain le coeur de sa démarche. On trouve beaucoup dans ce minimalisme-là!

  • De Fernando Eimbcke. Avec Lucio Giménez Cacho, Maria Renée Prudencio, Danae Reynaud. 1h22. Sortie: 03/09.
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