Contrefaçon, attention danger!

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Ce documentaire itinérant, glauque et cocasse à la fois, plonge dans le cambouis de la contrefaçon, en suivant une opération douanière menée à l’échelle internationale.

On ne se la joue pas plus catholique que le pape: on a tous acheté un parfum Chinel, une écharpe Barbarry ou un sac Gocci dans un souk en Egypte, sur un marché quelconque. Ils ressemblaient à moitié aux originaux mais dans l’ivresse des vacances, on s’en fichait un peu. Ils ont tenu deux semaines avant de tomber en rade, c’est vrai, mais on les avait payés si peu qu’on n’allait pas en faire une dépression. Moins sympathique: le parfum fleurait bon le désodorisant pour sanitaires, l’écharpe faisait plouc à côté des vraies des copines, et le sac s’est lamentablement vautré sur le sol en cassant sa bandoulière, fracassant l’écran de l’ordi portable qu’il transportait. Mais bon, pas de quoi en faire une maladie non plus.

Ah non? C’est l’idée que tente de démonter (sans « r ») ce reportage signé Capa, l’agence qui, fidèle à ses valeurs, n’hésite pas à mettre les mains dans le cambouis pour construire ses instructifs sujets. Ce documentaire itinérant, articulé autour d’une opération douanière menée simultanément dans 13 pays, Max 55, remonte les filières du faux, tout en expliquant ses dangers, mal connus des consommateurs.

7 kilomètres de faux

Une batterie de GSM peut ainsi non seulement rester plate à vie, mais également exploser à l’intérieur du téléphone ou, pire, pulvériser l’appareil tandis qu’on le colle à l’oreille (la mésaventure s’est déjà produite à de nombreuses reprises chez nous). Des déodorants, des parfums ou des crèmes peuvent être porteurs de germes, contenir des métaux lourds, provoquer des allergies, de l’eczéma, ou même, de l’asthme, dans le meilleur des cas. Des jouets peuvent dégager du plomb, se désagréger et être ingérés par les enfants. Et la nourriture (car oui, elle est également sujette à copies) peut carrément empoisonner celui qui la mange.

Les journalistes de Capa ont investigué de la Chine à la Turquie en passant par le Maroc, pour lever un coin du voile qui dissimule les perversités que contiennent une grande quantité des 400 millions de containers qui naviguent chaque jour dans le monde.

Images impressionnantes: à Odessa, sur la Mer Noire, le très logiquement nommé « 7 kilomètres » est un marché long de… 7 kilomètres. Il s’agit du plus grand marché de la contrefaçon à ciel ouvert d’Europe. Là-bas, les containers-boutiques se louent à 2000 euros par mois, et font chaque jour un plein d’enfer: 200.000 visiteurs viennent y remplir leur camionnette sans être inquiétés par la police. Normal: le « 7 kilomètres » est installé sur un terrain privé, il est protégé par un ancien commissaire, et est le premier employeur de la région.

Entre glauque et cocasse, dans un style très Envoyé Spécial, Contrefaçon, attention danger atteint son but: adieu le Gucci, vive le Aldi.

Contrefaçon, attention danger!, 22.00 sur La Une.

Documentaire de Barbara Conforti.

Myriam Leroy

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