Critique

Carmen

Carmen est l’opéra le plus joué au monde. Jacques Malaterre, dans ce téléfilm, nous conte les amours tumultueuses d’une ardente gitane, qui sème autour d’elle la passion comme on sème la tempête…

C’est la Camargue de la Belle époque qui sert de (joli) décor à ce mélodrame inspiré par le roman de Mérimée. Les accents fleurent bon les épices et les espaces à sauterelles. Et l’histoire, celle d’une Gitane libre venue hanter les mâles d’un village, garde forcément sa portée universelle. Pour autant, on s’interroge un peu sur l’intérêt de cette relecture plutôt ennuyeuse d’un classique adapté par les plus grands, et sous toutes les formes. Serait-ce, dans un contexte français où les Gitans en prennent plein le pruneau, une manière de rappeler à la Sarkozie que les gens du voyage peuvent servir à autre chose qu’à jouer les boucs-émissaires de service? Si c’est le cas, saluons l’initiative. Même si elle peine à accrocher l’attention plus d’une demi-heure : les reconstitutions historiques ont ceci de casse-gueule qu’elles souffrent rarement le manque de moyen, surtout si le casting est choisi à l’économie. L’héroïne, jouée avec une certaine intensité par l’Espagnole Vicky Luengo, ne manque pourtant pas de piquant. Mais les dialogues semblent si poussiéreux qu’on les laverait bien à l’Ajax… Faute avouée est à moitié pardonnée: le film nous a davantage fait penser à ces pubs pour nettoyant (qui prenait le Carmen de Bizet comme bande sonore) tout terrain qu’à une véritable histoire digne d’intérêt. En clair, rien de bien passionnant à signaler, si ce n’est la paire d’yeux profonds de Vicky Luengo et l’incursion dans les moeurs d’une époque où dots, honneur et racisme ouvert pouvaient largement faire bon ménage.

Guy Verstraeten

CARMEN, TÉLÉFILM DE JACQUES MALATERRE. AVEC VICKY LUENGO, BERNARD BLANCAN, ANTOINE OPPENHEIM. **

Ce samedi 24 septembre à 20h35 sur France 3.

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