Critique

Bienvenue Mister Chance

Le petit bijou d’Hal Ashby prend opportunément place dans la case cinéphile du lundi soir, concoctée chaque semaine par Hugues Dayez.

On saura gré à Hugues Dayez, dans sa programmation cinéphile du lundi soir, d’avoir exhumé ce petit bijou trop peu souvent repris d’Hal Ashby. Adapté de son propre roman Being There par l’écrivain-scénariste Jerzy Kosinski, c’est l’étrange et fascinante histoire d’un jardinier quinquagénaire, que des circonstances très particulières vont propulser vers un surprenant destin. Son employeur étant décédé, Chance quitte à regret la propriété de Washington dont il entretenait le jardin et dont il ne sortait pratiquement jamais, menant une existence on ne peut plus simple et modeste. Dans la rue, il est heurté par une automobile dont la conductrice le ramène chez elle pour qu’il puisse y être soigné. Le mari de son hôtesse étant un homme important, qui reçoit chez lui le Président des Etats-Unis, Chance assiste à l’entrevue et y participe, émettant des opinions liées au jardinage mais que son très puissant interlocuteur prend pour des pensées philosophiques pleines de sens! En peu de temps, le naïf et aimable Mister Chance va devenir la coqueluche de la Maison Blanche et des médias. Sa vie s’en trouvera radicalement transformée. Celle de son nouvel entourage également… Avec son mélange d’humour, de tendresse, de critique sociale et politique, le film d’Hal Ashby propose un spectacle d’une grande finesse, à la fois très divertissant et invitant à la réflexion. Le réalisateur d’Harold et Maude et de Shampoo met en scène très habilement le texte de Kosinski. Mais si Bienvenue Mister Chance est une telle merveille, c’est avant toute chose grâce à son interprète principal, le formidable Peter Sellers. Le comique hilarant de La Party et de la série des Panthère rose trouve ici l’occasion d’exprimer une profondeur qu’il ne lui avait pas encore été offert de révéler au public. Sellers est un Candide inoubliable, dont la trajectoire nous captive du début à la fin d’un film qui fut consacré par de nombreux prix. L’Oscar échappant pourtant à un Peter Sellers d’autant plus amer et meurtri que Melvyn Douglas obtint la statuette du meilleur second rôle pour le même film… Pour la petite histoire, c’est Dustin Hoffman qui fut oscarisé à sa place, pour Kramer contre Kramer.

Louis Danvers

BIENVENUE MISTER CHANCE, COMÉDIE DRAMATIQUE D’ HAL ASHBY. AVEC PETER SELLERS, SHIRLEY MACLAINE, MELVYN DOUGLAS. 1979. ****

Ce lundi 21 novembre à 22h45 sur La Une.

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