Critique

Bankable

Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

Aucun cliché ne nous est épargné ici, les riches étant forcément malheureux, et les pauvres des gens bien. Mais les comédiens y sont épatants.

BANKABLE, TÉLÉFILM DE MONA ACHACHE. AVEC LOLITA CHAMMAH, BRUNO TODESCHINI, PASCALE ARBILLOT. **

Ce vendredi 4 mai à 20h40 sur Arte.

On ne regardera pas Bankable pour son propos, insupportablement bien-pensant. L’argent ne fait pas le bonheur, voilà donc ce qu’il nous enseigne, à grands coups de pieds dans de gigantesques portes ouvertes. Non, si on se plantera devant ce téléfilm estampillé Arte -car on le fera-, c’est pour l’immense plaisir d’y côtoyer des comédiens au talent fou, Lolita Chammah en tête. La fille d’Isabelle Huppert (on l’a vue à ses côtés dans la délicieuse comédie Copacabana) y démontre l’étendue impressionnante de sa palette de jeu -les chiens ne font donc pas des chats.

Elle incarne ici Leslie Ricci une mère de famille, dans le genre vaguement Groseille, jambon-purée à chaque repas, kermesse de village comme divertissement. Avec son mec glandeur, ils peinent à joindre les deux bouts. Jusqu’à ce que la jeune femme décide de bâtir sa propre entreprise, sur des fonds d’héritage perçu indûment. Très vite, son concept de bons de réduction cartonne et la belle vie lui ouvre ses bras. Les Ricci emménagent à Paris dans un somptueux appartement -celui des Deville, ruinés suite au licenciement du père, Philippe.

Lequel va rebondir, s’appuyant sur le hasard, en prodiguant des conseils sur le monde de l’entreprise, qu’il connaît comme sa poche, à… Leslie (quand on vous disait).

Clichés

Alors que les Ricci prennent goût aux joies du capitalisme, les Deville apprennent à devenir pauvres. Aucun cliché sociologique ne nous est épargné, de la femme au foyer frivole et dépensière qui donne un pourboire à la dame du Pôle emploi chargée de lui trouver un job, au délitement des relations inoculé à la famille modeste par l’argent, ce mauvais bougre. Tandis que le monde de l’entreprise est forcément dépeint comme un banc de requins prêts à s’entredévorer sur l’autel de la productivité et de la rentabilité.

Mais les dialogues sonnent juste et les acteurs épatent (Bruno Todeschini et Pascale Arbillot sont particulièrement crédibles en couple bobo au bourgeois plus turgescent que le bohème).

Au final, ce Bankable se laisse regarder sans déplaisir, et propose même parfois quelques scènes particulièrement bien troussées.

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