Au festival Visa pour l’Image, un reflet du monde sans complaisance

Visa pour l'image 2006: expo basée sur le livre Negro Y Blanco, rassemblant des photos de 65 photographes argentins, de 1969 à 1985, soite une période dictatoriale sanglante pendant laquelle l'Argentine a beaucoup souffert. © EPA/STR
FocusVif.be Rédaction en ligne

Pour sa 27e édition, le festival de photojournalisme Visa pour l’Image de Perpignan (sud de la France) ne déroge pas à sa philosophie: des clichés du monde sans complaisance, surtout de jeunes photographes de talent jamais exposés.

« Visa, c’est le reflet du monde tel qu’il est aujourd’hui et aujourd’hui le monde est moche », souligne le directeur du festival, Jean-François Leroy, avant cette manifestation qui accueille du 29 août au 13 septembre des centaines de photos offertes à la curiosité des visiteurs, des commentaires de leurs auteurs, des tables rondes, des soirées à thèmes, des récompenses dont le Visa d’Or….

Le festival prime chaque année des photographes du monde entier qui n’ont jamais été publiés. Cette année, ont indiqué les organisateurs, ils ont reçu 4.000 propositions.

« Si je devais résumer par une notion (le programme de cette année) ce serait ‘jeunes talents' », souligne Jean-François Leroy. Et de citer nombre d’entre eux, dont Mohamed Abdiwahab, un Somalien de 23 ans qui observe le dangereux quotidien de Mogadiscio notamment pour l’AFP. Ou le Français Edouard Elias, 24 ans mais déjà ex-otage en Syrie, qui s’est intéressé cette année aux légionnaires français en Centrafrique. Il y a aussi une place pour Charlie Hebdo, cible d’un attentat meurtrier en janvier dernier, avec les photos d’Arnaud Bauman et Xavier Lambourg. Et Viviane Dalles expose un travail sur les mères « ado » de France.

Avec son franc-parler, Leroy se délecte à l’avance d’une présentation sur le « tourisme nucléaire » à Tchernobyl. Le photographe allemand Gerd Ludwig « nous montre la connerie humaine à l’état pur, 100% connard, 100% débile, c’est remarquable »: « Les touristes qui viennent jouer à se faire peur avec un compteur Geiger autour du cou devant la centrale ».

Au-delà de ces performances, celles de « vieux de la vieille », dont le Franco-iranien Manoocher Deghati qui a parcouru le monde avec ses appareils. Il a pris sa retraite, « mais on avait envie de revenir à sa carrière tout à fait éblouissante », souligne le directeur de Visa. Et sa présentation de photos a pour titre La réalité en face.

Ouverture d’un centre international

Une réalité, se plaint Jean-François Leroy, que les médias n’aiment pas toujours présenter. « Les journaux montrent des choses sans intérêt », dit-il, évoquant par contre « la Somalie dont on se fout dans les médias et où il y a pourtant des attentats tous les jours ».

Reste que Visa pour l’Image ne montrera rien des territoires occupés par l’organisation Etat islamique en Syrie ou en Irak. Ce sont des « photos de propagande » dont en plus on ne connaît pas les auteurs.

Cette année il n’y aura pas d’exposition pour le prix du World Photo Press, le prestigieux concours mondial de photographie de presse. Jean-François Leroy reproche à WPP de n’avoir pas voulu admettre officiellement, selon lui, que son lauréat 2014 avait « bidonné ». Mais il a annoncé avoir invité son patron. Le World Press Photo a retiré son prix attribué au photographe italien Giovanni Troilo pour un portrait de la ville belge de Charleroi, après avoir conclu que la série de clichés « n’est pas conforme à ses règles ».

Le directeur de Visa pour l’Image annonce par ailleurs l’ouverture d’un centre international de photojournalisme en septembre à Perpignan, dans la prolongation de Visa pour l’Image. « Quand un photographe n’a pas de famille, de descendance, qu’est-ce qu’on fait de ses archives? », s’interroge-t-il. D’où ce projet.

Avec l’AFP

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