Critique

À la télé ce vendredi soir: Monsieur et madame Zhang

Monsieur et madame Zhang © DR
Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

Da Cheng et Xiao Qiu Zhang sont arrivés clandestinement en France en 2001. Dix ans après, ils vont retourner en Chine.

Monsieur et Madame Zhang, la jeune soixantaine, vivent à La Courneuve, dans un petit logement qui leur sert également d’atelier. Gros cliché, ils cousent, parlent un français pour le moins approximatif et mangent des nouilles. Quand son patron l’appelle au téléphone pour lui reprocher de s’être absentée trop longtemps, et de se « croire en vacances », Madame Zhang sourit, parce qu’elle n’a compris que « vacances ». Jolie scène. Ou scène absolument dramatique, c’est selon. Mais au final, malgré l’amour qui les unit, le couple est mal dans sa peau. L’éloignement, le sentiment d’échec, 1000 euros par mois à deux… Une décennie auparavant, Da Cheng et Xiao Qiu avaient quitté Wenzhou, en Chine, à la suite d’une catastrophe naturelle. Clandestins en France, ils vivent chichement, très chichement, en finissant, et c’est tout l’objet du documentaire de Fanny Tondre et d’Olivier Jobard, par se poser la question nécessaire, mais qui fait mal: le travail se raréfiant de jour en jour, les perspectives se fermant les unes après les autres, est-ce qu’on ne retournerait pas au pays, malgré le sentiment déshonorant d’avoir échoué? Les enfants, restés là-bas, ne demandent que ça…

Tout en finesse et sensibilité, Monsieur et Madame Zhang nous offre 52 minutes d’une réflexion sur l’éloignement, l’immigration clandestine, l’exploitation, la survie, l’amour et les images mentales de la réussite. En laissant la famille Zhang et leurs amis s’exprimer: aucune incrustation, aucun commentaire (à l’exception de lectures du carnet intime de Madame Zhang) ne sont ajoutés au quotidien d’un couple appartenant à une communauté dont on connaît finalement peu de choses. Etalé sur deux années pendant lesquelles Fanny Tondre et Olivier Jobard ont suivi le couple, ce film est une évocation tendre d’un amour confronté aux intransigeantes réalités de l’illégalité, qui nous rappelle également que derrière les statistiques de l’immigration, se cachent à chaque fois des histoires personnelles riches.

  • DOCUMENTAIRE DE FANNY TONDRE ET OLIVIER JOBARD.
  • Ce vendredi 23 janvier à 23h15 sur Arte.

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