Critique

[à la télé ce soir] Travail à la demande

© POINT DU JOUR
Nicolas Bogaerts Journaliste

Entre Europe, Asie et États-Unis, le documentaire part à la rencontre de celles et ceux qui, passées les promesses de rentabilité à la carte et d’autonomie, ont copieusement déchanté.

Livrer des repas à vélo, conduire un Uber, indexer des images, retranscrire des enregistrements, répondre à des sondages, déchiffrer des écritures pour nourrir les intelligences artificielles. Toutes ces activités ou microtâches sont au coeur de l’économie de plateforme, une gig economy qui pèse très lourd en chiffres mais occulte ceux qui la font vivre. Entre Europe, Asie et États-Unis, le documentaire part à la rencontre de celles et ceux qui, passées les promesses de rentabilité à la carte et d’autonomie, ont copieusement déchanté. Réfugiés, immigrés, déclassés, invalides ou travailleurs ayant abdiqué leurs droits, ils sont (avec les clients de leurs services) au coeur d’une machine qui creuse le fossé numérique et social, et nourrit le mythe du numérique comme horizon indépassable. Shannon Walsh réussit à montrer combien ces travailleurs ressemblent aux serfs d’une nouvelle forme d’économie domaniale. À son sommet, point de seigneur féodal, mais le tout-puissant algorithme et ceux qui en tirent profit.

Documentaire de Shannon Walsh. ****

Jeudi 22/04, 22h30, La Une.

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