[À la télé ce soir] Syrie, témoins à charge

On sait, mais sans savoir. S’il s’infiltre dans nos vies par divers canaux, que ce soit au JT ou dans l’angoisse permanente d’un nouvel attentat terroriste, le conflit syrien n’en recèle pas moins, pour beaucoup d’entre nous, de grosses parts d’ombre.

Le documentaire de Garance Le Caisne et Olivier Joulie permet à ce titre d’y voir un peu plus clair -même si les informations qui parviennent jusqu’à nous, quelles qu’elles soient, n’en finissent pas de susciter méfiance et incrédulité.

La brève chronologie qui nous est proposée aide incontestablement à mieux s’y retrouver. Depuis ces jours de 2011 où l’armée de Bachar Al-Assad s’est mise à réprimer dans la violence les premières manifestations d’opposition au régime, jusqu’à l’avancée puis au recul de Daech, et à l’intervention internationale. Mais ce n’est pas à proprement parler l’objet de cette enquête. Ici, on nous montre des braves, ceux qui, depuis le début du conflit, tentent de consigner indices et preuves des violences commises sur les populations civiles. Quel que soit le camp duquel elles émanent. Au péril de leur vie parfois, ces témoins anticipent l’après-guerre et les éventuels procès qu’elle drainerait. Pour bétonner l’argumentaire, faciliter les condamnations futures. Certains ont tenté de récolter des preuves d’attaques chimiques du régime, histoire de persuader les Etats-Unis de venir faire le ménage -ce qui ne s’est jamais fait. D’autres collectent les photos de tortures et de meurtres, pour contribuer à sensibiliser la communauté internationale aux atrocités qui parcourent le pays. D’autres encore se focalisent sur Daech, et sur ses tactiques de mort. Autant dire que le documentaire de Garance Le Caisne et Olivier Joulie, qui interrogent ces courageux, n’est pas exactement ce que vous verrez de plus réjouissant en cette fin de printemps. Mais la démarche, sérieuse et documentée, apparaît plus que jamais nécessaire.