Critique

[À la télé ce soir] Soundbreaking: la grande aventure de la musique enregistrée

Les Beatles et George Martin © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Comment de l’électrique à l’électronique, la technologie a marqué de son empreinte l’histoire de la musique populaire? Comment le studio a-t-il bouleversé l’évolution de la pop et du rock? Et tout bêtement, que resterait-il de l’industrie musicale si on venait à couper le courant?

Telles sont quelques-unes des questions que se posent Maro Chermayeff et Christine Le Goff dans Soundbreaking: la grande aventure de la musique enregistrée, une série documentaire maousse costaud. Six épisodes de 52 minutes avec des interlocuteurs tous plus pertinents et prestigieux les uns que les autres: Dan Auerbach, Dave Grohl, George Benson, St Vincent, Ben Harper, Jack White, Roger Daltrey, Jean-Michel Jarre, Brian Eno, Tom Petty, Paul, Ringo, Beck… Ils sont des dizaines à éclairer de leurs commentaires ce passionnant travail de fond. Avant d’analyser le boulot du producteur (de raconter Phil Spector, Berry Gordy, Sam Phillips…), de retracer 100 ans de bouleversements techniques qui ont transformé l’enregistrement de la voix, de se pencher sur l’évolution des supports (du 78 tours au fichier MP3) et de terminer avec un numéro entièrement consacré au sample, Soundbreaking s’intéresse ce soir à l’arrivée de l’électricité et à la magie du studio. De la guitare électrique (et Charlie Christian) au synthétiseur (et Giorgio Moroder), dont ils résument avec clarté les histoires, Chermayeff et Le Goff racontent d’abord Hendrix, Kraftwerk, Stevie Wonder et Devo. L’électro, la pop, le rock, le disco et la french touch. Ils plongent ensuite dans l’univers si particulier du studio devenu laboratoire dès les années 60 avec les Beatles et les Beach Boys. Si le deuxième volet de Soundbreaking s’arrête longuement sur le cas des Fab Four et de leur quête sonore (coproduction George Martin), décortique de manière super didactique la création de Tomorrow Never Knows (« le morceau qui oblige à repenser ce qu’est la musique »), il rencontre aussi Nigel Godrich, Rick Rubin et Tony Visconti. Revient sur l’invention du multipiste par Les Paul. L’influence de Pierre Schaeffer, de Pierre Henry et de la musique concrète. Tandis que Bon Iver, qui a enregistré son chef-d’oeuvre For Emma, Forever Ago dans la cabane de son père, explique son rapport à Pro Tools. Soundbreaking donc, ou une série documentaire passionnante et abordable sur la musique traitant à la fois de l’art et de la technologie.

DOCUMENTAIRE DE MARO CHERMAYEFF ET CHRISTINE LE GOFF. ****

Ce vendredi 10 février à 22h25 sur Arte.

À revoir pendant deux mois sur le site d’Arte Creative.

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