Critique

[à la télé ce soir] Préliminaires

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Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

La pression autour de la sexualité a de tout temps existé chez les adolescents (forcément) mais en cette ère digitalisée de communication instantanée et d’accès illimité à toutes les images qu’on peut imaginer, en ces années perturbantes accaparées par les réseaux sociaux où Snapchat, WhatsApp, Insta, YouTube (comprenez YouPorn) ont redéfini le vivre-ensemble, elle s’est encore accentuée.

Il ne suffit plus de causer désormais, il faut montrer qu’on est sexuellement actif. Après avoir dépeint de manière tragi-comique la maladie d’Alzheimer de sa grand-mère (Comme si de rien n’était) et raconté une championne du monde de boxe thaï (Laetitia), Julie Talon s’est avec son nouveau documentaire penchée sur la question. Le temps passe. Le monde évolue. Si l’âge moyen du premier rapport sexuel (autour de 17 ans) n’évolue pas depuis les années 80, on ne fait pas l’amour et on ne découvre pas son corps aujourd’hui comme on le faisait il y a 20 ans. Mère de trois adolescents, la réalisatrice parisienne a découvert l’existence des préliminaires et des nudes, ces photos intimes, selfies nus, dans la vie des collégiens. Histoire de cerner l’ampleur du phénomène, elle a rencontré une centaine d’ados et de jeunes. Ils ont entre 12 et 23 ans, viennent de Paris et de Strasbourg, d’établissements bourgeois et populaires. Avec beaucoup de lucidité et de franchise, ils témoignent de leurs premières expériences sexuelles. Parlent des sextos et des nudes. Racontent les prélis derrière un buisson sur le temps de midi. Les caresses diverses, fellations et cunnilingus. Puis évoquent les réseaux sociaux et leurs effets dramatiques. Les chantages à la diffusion de photos contre des faveurs sexuelles. Ou encore la question du consentement. Les jeux de grands dans la cour de l’école où on met son corps en jeu. La peur, par honte, d’en parler à ses parents.

Réalisant rapidement que leur lucidité et leur capacité d’analyse faisaient d’eux les meilleurs spécialistes du sujet, Julie Talon s’est volontairement passée d’experts. « Il faut tout revoir toute l’éducation sexuelle à l’école parce que c’est pas possible » , résume simplement avec beaucoup d’à-propos une jeune fille. Préliminaires lance la collection de 17 documentaires de société qui rythmera tous les mercredis d’Arte du 16 juin au 25 août.

Documentaire de Julie Talon. ****

Mercredi 16/06, 22h40, Arte.

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