Critique

[À la télé ce soir] On achève bien les gros

© Bangumi
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

On achève bien les gros n’est pas un film sur une grosse qui veut perdre du poids, c’est l’histoire d’une « vie de grosse » au quotidien.

« J’ai envie de cramer le gars qui a conçu des sièges de théâtre qui font que mon cul ne rentrera jamais et que je ne peux pas aller voir un spectacle. J’ai envie de cramer le gars qui fait que je suis trop serrée au cinéma et que je suis obligée d’y aller à la séance de 11 heures le lundi. » Elle aime dire qu’elle mesure une Kylie Minogue et qu’elle en pèse trois. 1 mètre 54, 125 kilos. L’autrice Gabrielle Deydier a 39 ans. Elle a pris du poids après le divorce de ses parents. Jusqu’alors un bon coup de fourchette, aucun problème avec la nourriture. Mais son premier régime et un mauvais diagnostic sur une maladie hormonale ont détraqué son rapport à l’alimentation. Elle prévient: On achève bien les gros n’est pas un film sur une grosse qui veut perdre du poids, c’est l’histoire d’une « vie de grosse » au quotidien. Comment cette vie se complique quand on sort de la norme. Les questions qu’on se pose quand on choisit un appartement (« est-ce que je vais pouvoir rentrer dans les toilettes et la cabine de douche? ») et les choses dont on se prive de peur du regard des autres. « Dix millions de personnes obèses en France et personne ne se demande où elles sont. Elles ne sont pas dans l’espace public. Elles ne peuvent pas se l’approprier. » Ce regard fort, franc, touchant, drôle parfois, sur un monde grossophobe ouvre une collection de documentaires de société (La Vie en face) qui courra sur Arte durant tout l’été.

Documentaire de Laurent Follea, Gabrielle Deydier et Valentine Oberti. ****

Mercredi 17/6, 22h50, Arte.

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