Critique

[à la télé ce soir] Les Particules élémentaires

© Thierry Valleloux/Incognita
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Le livre qui a propulsé la carrière de Michel Houellebecq avait déjà été adapté en 2006 au cinéma par le réalisateur allemand Oskar Roehler. Ce téléfilm français parvient à filer un nouveau souffle à ce drame sentimento-sociétal aux frontières de la dystopie.

À travers les vies entrelacées des deux demi-frères, Michel et Bruno, il dresse l’état des lieux des relations humaines dans une société désincarnée. Il raconte comment le manque d’amour et d’affection brise les enfants et maintient les adultes dans une misère affective et, en guise de réponse, noue avec le destin des accords féconds. Michel s’isole dans sa recherche génétique révolutionnaire, attelé à une reproduction sans les dangers de l’affect et du contact physique. La recherche de Bruno est celle, éperdue, aliénante et condamnée, du plaisir, teintée parfois de spiritualité aux confins du ridicule. Le téléfilm est découpé en deux parties. Si la première est patiente, la seconde précipite un peu en ses derniers instants la double issue tragique. Le scénario maintient la concision mécanique du récit originel. Son humour clinique, sa distance maussade, ses fantasmes et ses aigreurs, sinistres et pathétiques, sont conservés en l’état. Réalisé avec une élégance toute lunaire et quelques éclats d’une surprenante tendresse, le téléfilm est porté par un casting d’une grande justesse.

Téléfilm d’Antoine Garceau et Gilles Taurand. Avec Guillaume Gouix, Jean-Charles Clichet, Pascale Arbillot. ***(*)

Lundi 31/01, 21h10, France 2.

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