Critique

[à la télé ce soir] Jodie Foster: Hollywood dans la peau

© PARAMOUNT
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Dit par Mathieu Kassovitz, le documentaire de Camille Juza et Yal Sadat est le portrait d’une femme de cinéma qui défie le temps.

« Si vous aviez été une personnalité publique depuis toute petite et si vous aviez dû vous battre pour une vie sincère et normale, envers et contre tout, vous protégeriez votre vie privée avant toute chose. » Née à Hollywood, Jodie Foster a été actrice avant d’avoir appris à lire. À la fois Lolita et porte-parole du club Mickey, à l’affiche de films indépendants comme de grosses productions, elle n’en a pas moins résisté au cirque et aux affres de la célébrité. Son histoire, c’est celle d’une lutte menée de l’intérieur contre la société du spectacle. Celle d’une comédienne, d’une femme, déterminée à garder le contrôle de son image.

La mère d’Alicia Christian Foster (son vrai nom) est attachée de presse et court les castings avec son fils. Une stage mother pas comme les autres qui emmène ses enfants voir des films de la Nouvelle Vague, lutte pour les droits des minorités et fera étudier sa fille au Lycée français de Los Angeles (certains la diront même franco-américaine, trop cérébrale sans doute). Jodie tourne ses premières pubs à trois ans, signe un contrat chez Disney et fait vivre toute la famille avec ses cachets. À douze, elle incarne le rôle d’une prostituée dans Taxi Driver et enchaîne avec Bugsy Malone d’Alan Parker. Dit par Mathieu Kassovitz, le documentaire de Camille Juza et Yal Sadat est le portrait d’une femme de cinéma qui défie le temps. Il raconte évidemment la comédienne. Les Accusés, l’Oscar… Le Silence des agneaux et l’Oscar à nouveau. Cette actrice pas comme les autres à qui l’on propose des rôles généralement réservés aux hommes. Il explique aussi son passage à la mise en scène avec Le Petit Homme. L’épisode de Black Mirror qu’elle a tourné et dans lequel une mère trace sa fille à l’aide d’un implant. Puis ses activités dans la production et la distribution via sa compagnie Egg Pictures.

Hollywood dans la peau n’évite pas non plus les expériences douloureuses et les questions qui fâchent. Le désaxé qui veut attirer son attention en assassinant le président Reagan et des fréquentations peu recommandables (son ami Mel Gibson, Roman Polanski) pour une figure du progressisme. Portrait d’une femme intelligente, forte et paradoxale qui continue d’imposer ses récits à rebours et au coeur du système, ce documentaire est précédé par la diffusion de Sommersby (20h55). Foster sera bientôt à l’affiche de Désigné coupable, pour lequel elle a décroché un Golden Globe. Elle y incarne l’avocate d’un Mauritanien campé par Tahar Rahim, emprisonné pendant des années sans inculpation ou jugement en pleine paranoïa terroriste.

Documentaire de Camille Juza et Yal Sadat. ****

Dimanche 13/06, 22h45, Arte.

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