Critique

À la télé ce soir: J. Edgar

Leonardo Di Caprio dans J. Edgar de Clint Eastwood. © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Eastwood raconte l’ancien patron emblématique du FBI dans un biopic ample et fascinant. Non sans défaut mais emmené par un remarquable DiCaprio.

C’est l’histoire d’un homme qui a incarné pendant près de 50 ans envers et contre tout la politique sécuritaire américaine. Celle d’un mec controversé, énigmatique, qui a passé son existence entière à cacher ses propres secrets et à courir derrière ceux des autres. En s’interrogeant sur J. Edgar Hoover, père fondateur d’un FBI qu’il dirigea pendant la majeure partie de son existence, Clint Eastwood se penche sur la vie et l’oeuvre de l’une des personnalités les plus puissantes, et donc quelque part forcément dangereuses, de l’Histoire des Etats-Unis. Dans un grand jeu à la fois complexe et fluide de flash-backs, Hoover se souvient. Raconte ses débuts, la surveillance des anarchistes et révolutionnaires, la traque des ennemis publics comme Dillinger, l’enquête autour de l’enlèvement et du meurtre du bébé de Charles Lindbergh ou encore les écoutes secrètes révélant les frasques sexuelles de JFK…

Film politique habilement mené, J. Edgar dénonce la manipulation de l’opinion publique par les puissants et s’apparente à un manifeste contre la concentration des pouvoirs. Inspiré par l’ère Bush, le scénario de Dustin Lance Black est ainsi marqué par le déni d’un des plus inaliénables droits de l’individu et l’empiètement du gouvernement sur les libertés constitutionnelles.

Il est aussi parallèlement empreint des troubles et déchirements qui perturbaient Hoover dans sa vie privée. Black, à qui l’on devait déjà le scénario d’Harvey Milk, portrait d’un politicien qui fut l’un des plus grands représentants de la communauté homo, et de Pedro, bio du premier gay séropositif à être apparu dans un reality show sur MTV, n’a évidemment pas oublié de traiter les mystérieux penchants d’Hoover.

DiCaprio, le contrariant

Régulièrement présenté comme capricieux et égocentrique, DiCaprio est un utilisateur de La Méthode. Technique qui pousse les comédiens à s’immerger totalement dans leur rôle même en dehors des tournages. Pas toujours évident à concilier avec la vision forte d’un réalisateur. Mais si Eastwood, comme Christopher Nolan (Inception) avant lui, semble avoir été contrarié par l’acteur durant le tournage de J. Edgar, Leo, magnifiquement secondé par Armie Hammer (qui interprétait les jumeaux Winkelvoss dans The Social Network) et Naomi Watts (tout en sobriété), réussit un joli tour de force. Sa performance le mènera même peut-être enfin à cette fameuse statuette dorée qui continue de le bouder.

Après le dérapage Invictus, qui n’aura ravi que les fans de rugby, et la sortie de routeAu-delà, Clint Eastwood se remet lui en piste. Certes, les couches de maquillage et les prothèses vieillissant les acteurs sont trop voyantes et tournent par moments au ridicule. En voulant donner une idée exhaustive de 50 années de règne, il bute par ailleurs un peu sur ses ambitions et touche à tout sans toujours satisfaire notre curiosité. Il n’en propose pas moins un portrait étoffé et captivant.

BIOPIC DE CLINT EASTWOOD. AVEC LEONARDO DICAPRIO, ARMIE HAMMER, NAOMI WATTS. 2012.

Ce jeudi 10 septembre à 20h50 sur France 3.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content