Critique

À la télé ce soir: François de Roubaix, un portrait au présent

François de Roubaix © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

François de Roubaix est à la fois l’un des plus inventifs compositeurs de musiques de films de l’Histoire, un pionnier des musiques électroniques et le parrain de la French Touch qu’il incarna bien avant tous les autres.

Mort il y a 40 ans dans un accident de plongée sous-marine, resté coincé à 25 mètres de profondeur pour des raisons toujours mystérieuses à un âge où Gainsbourg commençait seulement à se faire un nom dans le cinéma, il fut l’un des premiers à posséder son home studio. Y triturant ses synthés comme un savant fou dans son labo. Que ce soit pour Melville, Enrico ou Mocky. Samplé par Missy Elliott, KRS-One, Lana Del Rey et Robbie Williams, François de Roubaix est à la fois l’un des plus inventifs compositeurs de musiques de films de l’Histoire, un pionnier des musiques électroniques et le parrain de la French Touch qu’il incarna bien avant tous les autres. Le Samouraï, La Scoumoune, Le Vieux Fusil… Puis aussi Daft Punk, Justice, Cassius, c’est François de Roubaix.

Né le 3 avril 1939 à Neuilly-sur-Seine, fils d’un producteur de films institutionnels d’origine belge et d’une artiste peintre italienne conceptrice de bandes dessinées et de films d’animation, ce grand amateur de jazz, savant autodidacte de la musique, a mêlé tout au long de sa carrière rêverie poétique et démarche expérimentale. Son goût pour les astuces sonores et les collages burlesques l’emmenant notamment vers les séries d’animation. Le générique inoubliable de Chapi Chapo? Encore François de Roubaix.

Ce dandy et anar à qui tout réussissait et qui s’illustrait autant au cinéma qu’à la télé ou dans la publicité, ce mec qui roulait en buggy dans Paris, le documentaire de Gaëtan Chataigner et de Christophe Conte n’en brosse pas le portrait de manière classique, chronologique et linéaire. S’il évoque les grandes étapes de son parcours et son rapport, ainsi que celui de sa musique, à l’eau, il cherche plutôt à en évaluer l’impact sur la génération dorée de la scène française. Son fils à peine caché et gourou de la pop électronique française Sébastien Tellier, la moitié de Air Nicolas Godin, mais aussi Emilie Simon et Florent Marchet racontent tour à tour l’héritage d’un génie parti trop tôt. « Le petit bourgeois de Courcelles, le côté moulure, barbe et synthé, ça nous parlait », rigole Rob, compositeur de musiques de films et claviériste scénique de Phoenix. Touche poétique à ce très chouette documentaire qui méritait bien un coup de projecteur malgré l’heure tardive de sa diffusion, Pierre Richard, grand ami du compositeur, erre tel un Robinson de Roubaix dans les paysages corses. Magnéto Serge…

DOCUMENTAIRE DE GAËTAN CHATAIGNER ET CHRISTOPHE CONTE.

Ce dimanche 31 mai à 00h15 sur France 4.

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