Critique

[À la télé ce soir] Etienne Daho: un itinéraire pop moderne

À la découverte du parcours du chanteur rennais Etienne Daho © Walter films
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Réalisé par Antoine Carlier, ce documentaire intime mais pas voyeur croise la route d’Elli Medeiros, Jacno, Pierre et Gilles, Olivier Assayas, Dominique A et autre Debbie Harry pour narrer Daho.

« J’ai essayé de rendre léger la noirceur de mon âme et la noirceur de l’adolescent que j’étais », dit-il avec le recul qu’offre le temps qui passe. Délicat, pudique, bienveillant, Etienne Daho se raconte. Il raconte le gamin né à Oran, son enfance en Algérie, les cadavres enjambés en rentrant de l’école. Il se souvient de l’adolescent qui se serait jeté par la fenêtre s’il n’avait eu la musique. Du fan des Stinky Toys à la culture rock mais au goût prononcé pour les yéyés et la chanson. Il revient aussi sur la carrière improbable d’un artiste grand public en marge. Franc-tireur de la pop made in France dont il a fini par devenir le parrain.

Pas envie de chanter en anglais ni de faire partie d’un groupe. Début des années 80, Daho est en rupture avec son époque. Décline sa culture rock avec une liberté, une fraîcheur, une candeur qui n’existe nulle part ailleurs. Marqué par l’Angleterre où il trouve un petit boulot dans un hôtel, Londres, sa nuit, ses bouffées de liberté et d’excentrisme, et indéfectiblement lié à Rennes, sa ville, celle des Transmusicales, qui n’est encore qu’un microfestival local quand il y joue pour la première fois, celle aussi de Marquis de Sade, avec lequel il enregistre son premier album produit par Jacno (un échec commercial retentissant), le bel Etienne a comme les Rita Mitsouko tracé son propre chemin. Celui d’une France de la musique à la fois décomplexée et populaire.

Réalisé par Antoine Carlier, à qui Daho avait confié le clip d’En surface et qui a mis en images La Forêt de Lescop, cet Itinéraire pop moderne, intime mais pas voyeur, croise la route d’Elli Medeiros, Patrick Zelnik (ancien président de Virgin France), Jacno, Pierre et Gilles (qui se cachent derrière la pochette au perroquet de La Notte, la Notte), Olivier Assayas, Dominique A et autre Debbie Harry pour narrer le licencié en anglais qui compose pour Françoise Hardy, enregistre dans des garages préfabriqués avec William Orbit (Pop Satori) et chante Jean Genet avec Jeanne Moreau. Dans la foulée du documentaire, Arte diffusera London Daho. Concert enregistré à Londres, au Koko, le 23 octobre 2014. Une chouette soirée thématique alors que sortent la bande dessinée Daho: l’homme qui chante (lire le Focus du 20 novembre) et le double best of L’Homme qui marche.

DOCUMENTAIRE D’ANTOINE CARLIER.

Ce samedi 21 novembre à 22h20 sur Arte.

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