Critique

[À la télé ce soir] City on a Hill

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Nicolas Bogaerts Journaliste

Boston, 1992. La ville emblématique de la Nouvelle-Angleterre est lacérée par une violence endémique, gangrenée par la corruption et les rivalités qui infectent les différentes agences de police: FBI, polices fédérales et locales. Sa jeunesse trinque.

City on a Hill, produite par les fils prodigues locaux Ben Affleck et Matt Damon, raconte le point de bascule où un procureur originaire de Brooklyn, Decourcy Ward (interprété par Aldis Hodge), va entreprendre d’inverser la tendance et entamer ce que l’Histoire de la ville a retenu comme « The Boston Miracle », un ensemble de mesures qui mèneront, en 1996, à la pacification relative de la ville. La série s’arc-boute sur une structure de récit et des artifices de mise en scène un peu consommés, mais sa réussite repose beaucoup sur les qualités intrinsèques exceptionnelles de ses acteurs.

Ward est noir. Et d’entrée de jeu, alors qu’il est fraîchement nommé et débarqué à Boston, il est confronté au racisme d’une police clanique, appuyée par une bureaucratie judiciaire et municipale qui n’entend pas revenir sur les privilèges de la classe blanche et catholique. C’est dans ce marasme que le jeune magistrat trouve un improbable allié, en la personne de Jackie Rohr, officier du FBI pourri jusqu’à l’os mais respecté des siens. Il représente l’ancien monde quand Ward veut se projeter dans le nouveau. Kevin Bacon incarne à merveille cet agent aux cordes vocales rongées par le tabac mentholé et la gnôle, un histrion, un taulier qui va jouer de duplicité pour maintenir à flots ses intérêts, sa double vie et le statu quo. Il sait garder ses amis près de lui, et ses ennemis encore plus près. Ce duo insolite, loin de rejouer L’Arme fatale, va étrenner son attelage en tentant de démanteler un gang de braqueurs aux méthodes particulièrement violentes.

L’intrigue de City on a Hill, de facture classique, et inspirée de faits réels, est une porte d’entrée pour suivre les fractures que la corruption, le clientélisme, le poids des traditions et des loyautés infligent à une collectivité. Ici, c’est Boston, mais ce pourrait être n’importe quelle grande ville. Tout n’est pas d’une sublime nuance ni d’une fascinante complexité, mais la ligne de haute tension sur laquelle dansent les personnages a quelque chose d’hypnotique. C’est là, au milieu des intrigues sulfureuses, percutée par une bande-son chatoyante et des dialogues saignants, que City on a Hill remplit son contrat.

Série créée par Charlie MacLean. Avec Kevin Bacon, Aldis Hodge, Jonathan Tucker. ***(*)

Lundi 7/09, 20h30, Be Séries.

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