Critique

[À la télé ce soir] Au nom du père (saison 2)

© Tine Harden
Nicolas Bogaerts Journaliste

Un patriarcat en pleine débandade, autodestructeur, désemparé par la concurrence des femmes et la crise spirituelle contemporaine: Adam Price abordait cette chute vertigineuse dans la première et superbe saison de Au Nom du Père, versant religieux d’une oeuvre entamée sous l’angle politique par sa précédente série, Borgen. L’histoire de Johannes Krogh (Lars Mikkelsen, superbe) est le récit de l’effondrement d’un père issu d’un lignage de pasteurs danois qui, après avoir perdu l’évêché au profit d’une femme, entraîne sa famille sur un chemin de croix d’une intensité biblique. La nouvelle saison reprend 18 mois plus tard, quand Johannes, sa femme Elisabeth et les restes de sa famille tentent de composer avec un deuil impossible. Sur ce champ de ruines, l’arrivée de petits-enfants ou le développement personnel embrassé par le fils Christian offrent le doute au lieu de la consolation. Hors des nouveaux temples des hommes, du wellness ou de l’islam, Johannes s’enfonce dans la colère, la culpabilité et Elisabeth s’éloigne toujours plus. Reste l’au-delà, qui vient visiter le pasteur déchu lors de crises mystiques, en attendant un retour vers la lumière. Composant ses plans à la manière des peintres, Price donne un relief sidérant à son récit, celui des mouvements et torpeurs qui poussent les certitudes masculines et religieuses vers le précipice.

Série créée par Adam Price. Avec Lars Mikkelsen, Ann Eleonora Jorgensen, Simon Sears. ****

Jeudi 14/5, 20h55, Arte.

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