Critique

[à la télé ce soir] Alger confidentiel

© Sife Elamine / Watch Next Med
Nicolas Bogaerts Journaliste

Ce thriller de realpolitik étend son intrigue sombre et chorale de part et d’autre de la Méditerranée, entre Allemagne et Algérie.

Écrite par Abdel Raouf Dafri (scénariste sur Un prophète), la série attend la fin du deuxième épisode pour s’imposer ses nuances. À Alger, un vendeur d’armes allemand est enlevé dans une maison sécurisée, à la veille d’un accord crucial. Un attaché de son ambassade, Ralf, enquête malgré les réticences des autorités locales. La juge d’instruction désignée, Amel, n’est autre que sa maîtresse -leurs premiers instants d’amoureux à l’écran montrent clairement l’hostilité des hommes envers leur liaison. À Berlin, une experte du ministère des Affaires étrangères, Katharina, examine de son côté les enjeux pas très nets de la vente tandis que des opposants kabyles exilés semblent prêts à passer à l’action. Une fois franchies les présentations un peu caricaturales des tensions, la série articule méticuleusement les mécaniques de ses protagonistes, en affectionnant les retournements de représentation et la traque au cynisme des lobbys et des gouvernements. Pour montrer combien les armes tuent avant même d’avoir tiré le premier coup de feu, la critique est mise en scène avec patience et dextérité, étendant le domaine de la lutte aux crises morales intimes et à la remise en cause de notre toute-puissance occidentale.

Série créée par Frédéric Jardin et Abdel Raouf Dafri. Avec Ken Duken, Hania Amar, Dali Benssalah. ***(*)

Jeudi 17/02, 20h55, Arte.

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