Critique

A la télé ce samedi soir: Cheerleaders, un mythe américain

Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

Icones pop incarnant l’hyper féminité ou potiches seulement bonnes à exciter les libidos de bords de stades? On a tous en tête l’un ou l’autre teenage movie dans lequel interviennent des cheerleaders, ces jeunes filles accompagnant les sportifs de leurs encouragements chorégraphiés.

Icones pop incarnant l’hyper féminité ou potiches seulement bonnes à exciter les libidos de bords de stades? On a tous en tête l’un ou l’autre teenage movie dans lequel interviennent des cheerleaders, ces jeunes filles accompagnant les sportifs de leurs encouragements chorégraphiés. C’est l’une des plus imposantes images d’Epinal liées au sport américain. Journaliste aux Inrocks et spécialiste des séries, Olivier Joyard creuse le mythe, s’interroge sur ses origines, décortique ses implications symboliques en convoquant spécialistes, images d’archives et scènes de la vie sportive contemporaine.

Curieusement, le phénomène est à l’origine exclusivement… masculin. D’ailleurs, pas moins de quatre présidents de l’Oncle Sam, George W. Bush en tête, furent en leur jeune temps d’émérites cheerleaders. Dès la fin du XIXe siècle, les universités américaines voient en effet naître ces vaillants supporters d’un genre nouveau, scandant, sur le bord des terrains de jeu, divers slogans à la gloire de leur université. La Seconde Guerre mondiale et sa fâcheuse tendance à siphonner les effectifs masculins donne aux filles l’opportunité d’intégrer le dispositif. Pour ne plus jamais le quitter. Joyard revient ainsi sur l’une des plus grandes révolutions du genre: en 1976, le président des Dallas Cowboys dépoussière le concept, sexualise à l’extrême ses cheerleaders qui, triées sur le volet, sont censées représenter toutes les tendances de la beauté américaine. Alliant chorégraphies disco, jupes courtes et poitrines généreuses dans un mélange érotiquement détonant, les filles de Dallas inspirent l’art contemporain, la musique et le cinéma. Qui a oublié le visage transi de désir d’un Kevin Spacey obsédé par la fascinante Mina Suvari, dans American Beauty? Pas nous.

D’olivier Joyard, 23.15, ARTE

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