Critique

À la télé ce jeudi soir: Tout ça (ne nous rendra pas le Congo): Je buzz donc je suis

Je buzz donc je suis © RTBF
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

À 28 ans, Joseph vit toujours chez ses parents. Il rêve de faire le buzz sur la Toile, devenir riche et célèbre -et pourquoi pas en se baladant en slip gare du Midi.

Scotché à son écran pour suivre combien il a de « J’aime » sur Facebook et de vues sur YouTube, Giuseppe, chômeur de 28 piges, est toujours installé chez papa maman. Giuseppe, dont le père ne sait pas lire et bosse depuis l’âge de huit ans, rêve de faire le buzz sur le Web. Alors Giuseppe, il traverse en calebar et chaussettes la gare du midi, se prend pour Jean-Claude Van Damme sur l’antenne de Fun Radio –« il y a des gens qui pensent à 180° mais il faut penser à 360, parce que sinon tu vois pas derrière toi »– et essaie de danser comme Michael Jackson dans le métro bruxellois sous l’oeil (bientôt partagé sur les réseaux sociaux) de sa caméra. « Quand on fait ce genre de folie, on est dans une autre dimension. » « Les gens te regardent comme si tu es une légende. » Flanqué de sa compagne qui fait des Fuck à tout bout de champ, Joseph se voit comme le nouveau Cyprien. Il est au mieux le fils caché de Nabilla…

Giuseppe est le héros de Je buzz donc je suis. Le premier sujet proposé pour le retour de Tout ça (ne nous rendra pas le Congo). Le petit frère, né en 2002, de Strip-tease. Réalisé, comme le Profession manager qui suit (celui de Nacer Chadli avant le transfert du Diable rouge à Tottenham), par le regretté Didier Verbeek (Intérieur Nuit, Hep Taxi), il suit un personnage qui ne suscite pas la moindre empathie. Insupportable sur toute la ligne. Un type qu’on a juste envie de secouer pour lui reconnecter quelques neurones.

Certaines scènes sont forcément croustillantes (c’est dans l’ADN de l’émission), mais cet épisode (il est vrai que Didier Verbeek n’a pu le mener lui-même à son terme) est de ceux qui, comme d’autres, finissent par déranger. Ceux qu’on regarde trop souvent avec un oeil méchamment moqueur et un plaisir condescendant. Un exemple en somme de voyeurisme branché et de téléréalité pour intellos dont on se demande finalement quelle morale et quels enseignements tirer.

Tout ça (ne nous rendra pas le Congo) a beau s’attaquer à toutes les strates de la société, deux questions fondamentales se posent. Les gens qui acceptent ses caméras dans leur intimité (quand bien même le nom de l’émission leur aurait été annoncé) ont-ils une quelconque idée de l’impact du sujet qui leur sera consacré? Et n’est-il pas possible en quatre ou cinq mois de tournage de récolter assez de matière pour, avec un montage habile, brosser un portrait saisissant/révoltant/ pathétique de chacun d’entre nous? On vous laisse y répondre.

  • DOCUMENTAIRE DE DIDIER VERBEEK.
  • Ce jeudi 18 septembre à 20h00 sur La Deux.

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