Wednesday: quand Tim Burton rencontre la famille Addams

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Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Tim Burton revient à ses amours gothiques dans Wednesday, minisérie dérivée de la Addams Family où Jenna Ortega brille d’un éclat mordant.

On n’espérait plus trop voir Tim Burton renouer avec l’inspiration de ses débuts, lorsqu’il alignait les pépites comme Edward Scissorhands ou Ed Wood, où s’exprimait un imaginaire nourri de fantastique gothique teinté de poésie macabre. C’est dire le plaisir éprouvé devant Wednesday, minisérie Netflix qu’il a produite en plus d’en réaliser les quatre premiers épisodes -un spin-off de la Addams Family centré sur la fille adolescente, son intelligence aiguisée, sa nature sarcastique et son tempérament sombre et inadapté.

Wednesday (l’impeccable Jenna Ortega, idéalement teigne, et morbide jusqu’au bout des tresses noir de jais), on la découvre lorsque, en guise de vengeance saignante, elle balance une volée de piranhas dans la piscine où barbotent les écoliers qui malmenaient son frère Pugsley. La sanction ne se fait pas attendre, sous la forme d’un renvoi. Et de se retrouver à la Nevermore Academy, établissement scolaire pour outsiders doués d’aptitudes singulières -celui-là même où s’étaient rencontrés ses parents Morticia (Catherine Zeta-Jones) et Gomez (Luis Guzmán) bien des années plus tôt-, et le seul susceptible de l’accepter. Que la jeune fille ne se fasse que de très mauvaise grâce à son nouvel environnement -l’énigmatique supérieure Larissa Weems (Gwendoline Christie), sa coloc collante Enid (Emma Myers) ou la hautaine Bianca (Joy Sunday)- tombe pratiquement sous le sens. Mais si elle nourrit rapidement des fantasmes d’évasion, une nébuleuse affaire de meurtres requiert bientôt son attention, non sans réveiller divers fantômes du passé…

Décalage permanent

Wednesday tient à certains égards de l’hybride étrange, l’imaginaire de Tim Burton s’y frottant à un univers évoquant celui d’Harry Potter, où la Nevermore Academy serait une version gothique de Poudlard, le tout relevé d’ingrédients empruntés à la teen comedy (flirts contrariés, bal des proms revisité, etc.). La réussite de la minisérie tient notamment au décalage permanent qu’elle entretient avec ce modèle, dont elle s’érige en quelque sorte en négatif, tout comme la famille Addams -réduite ici aux seconds rôles, à l’exception de The Thing- inversait les codes de la famille traditionnelle. Elle tient aussi au plaisir manifeste pris par le réalisateur à mettre en scène un personnage dont il confiait récemment s’identifier à la nature profonde, laissant son mauvais esprit produire ses effets dans un environnement rappelant, par endroits, du “vintage” Burton. Si la série rentre bientôt dans les clous d’un murder mystery plus mécanique, le détour par Nevermore s’impose cependant, histoire encore d’apprécier la venimeuse Wednesday se lâcher sur le Goo Goo Muck des Cramps, ou d’y croiser Christina Ricci, son interprète dans les films de Barry Sonnenfeld…

Wednesday

Une minisérie créée par Alfred Gough et Miles Millar. Réalisée par Tim Burton. Avec Jenna Ortega, Emma Myers, Gwendoline Christie. Disponible sur Netflix.

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