Varda, Banksy et courses folles: quoi de neuf en télé cette semaine?

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Dans nos choix télé de la semaine, documentaires, série et cinéma…

La Folle Épopée de la télé belge

Lundi 6 novembre à 20 h 30 sur La Trois

Documentaire d’Olivier Monssens.

© rtbf

Au début des années 50, en Belgique, les francophones ne sont pas très favorables à l’idée. Ce qui comptait pour eux, c’était de voir les programmes français, se souvient Jean-Jacques Jespers (dont le père était importateur de téléviseurs). Les Flamands étaient plus favorables à la création d’une télévision belge.” Le 31 octobre 1953, des téléspectateurs assistent sur les quelques milliers de récepteurs que compte le pays à la toute première émission de notre télévision. Une émission de music-hall intitulée Boum. Pour fêter les 70 ans de notre télé, Olivier Monssens lui consacre un documentaire en deux parties. Et joue avec les souvenirs et notre irrémédiable nostalgie. Jean-Claude Defossé, Jacques Mercier, Jacques Bredael, Élodie de Sélys, Tanguy Dumortier, Pierre Kroll, Philippe Geluck, Michel Lecomte, François Pirette ou encore Gérard Corbiau racontent des débuts très timides, quelques heures à peine, deux jours par semaine et la grande aventure qui s’en est suivie. Tout à la gloire de la RTB avec ou sans F, La Folle Épopée revient sur l’époque des speakerines, explique l’importance de l’Expo 58, de la catastrophe de Marcinelle et de la crise de Suez sur l’évolution de la chaîne. Non sans filer un petit coup ce cafard avec des vieilles images de ses animateurs phares et de ses émissions cultes… (J.B.)

Viva Varda!

Lundi 6 novembre à 22 h 35 sur Arte.

Documentaire de Pierre-Henri Gibert.

© ciné tamaris

Faire un film avec elle, “c’est vraiment comme une traversée de l’Atlantique en bateau sur un rafiot un peu bringuebalant. C’est intense. C’est génial. Mais c’est épuisant”, résume l’un de ses collaborateurs. Agnès Varda (1928-2019), un tempérament hors norme. Une artiste brusque et autoritaire, pas particulièrement polie ou douce… Une femme décidée et abrasive. Carrément et totalement imprévisible. Une œuvre décalée, ouverte sur le monde, souvent loufoque et toujours sensible aux plus fragiles. Alors qu’une exposition la met à l’honneur à la Cinémathèque française jusqu’au 28 janvier (lire Focus du 19 octobre), Arte rend hommage à la télé et sur le Web à la réalisatrice de Cléo de 5 à 7 et Jacquot de Nantes. Entre Sans toit ni loi (20h55) et L’une chante, l’autre pas (23h45) se glisse ce lundi Viva Varda!. Le documentaire inédit de Pierre-Henri Gibert brosse le portrait d’une femme pas comme les autres. Une cinéaste issue d’une famille fortunée (elle a grandi à Bruxelles dans un environnement bourgeois avec du personnel) mais en phase avec la vraie vie, proche des gens et des marginaux. Une autodidacte touche-à-tout qui fut l’une des premières à dire qu’il fallait tourner pas cher, vite, en toute liberté d’expression. Et a ainsi jeté les bases de la Nouvelle Vague. Atom Egoyan, Sandrine Bonnaire, Jane Birkin, sa fille Rosalie Varda, son fils Mathieu Demy ou encore ses assistants aident à cerner ce sacré tempérament qui avait le sens de la promo. Qui s’épanouissait dans l’action et était convaincue qu’on pouvait apprendre une vocation. (J.B.)

Se crasher pour exister

Mardi 7 novembre à 20 h 30 sur Be 1.

Documentaire de Julien Henry.

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Après avoir réalisé en 2021 un court métrage de fiction, Lynx, brossant le portrait d’une famille endeuillée dans le milieu des courses automobiles, le réalisateur Julien Henry a décidé d’embrayer avec un documentaire sur ce milieu si singulier qui offre un dernier tour de piste à des véhicules bons pour la casse. Le Liégeois est parti poser ses caméras du côté de Comines-Warneton dans une de ces arènes où des carrosses motorisés, désossés et défoncés tournent en rond.

Le speedway est un terme anglophone utilisé pour décrire un anneau de vitesse. Et au speedway de Warneton, il y a ceux qui pilotent pour gagner et ceux qui roulent pour le prix du plus beau crash. Conduisant leurs montures comme des auto-scooters. Au cœur du documentaire réalisé par Julien Henry, il y a Alizée. Alizée est pilote. Comme son mec, son père, sa mère et bientôt son petit frère. Ils passent leur temps libre à préparer ensemble des voitures et se retrouvent le dimanche pour les foutre en l’air. “Il y avait beaucoup de Golf 3 dans la cour et avec elle, le stock a diminué, remarque le toute jeune frangin d’Alizée… Dans la famille, il est rare de garder sa voiture en vie. Ils le savent. Se disent eux-mêmes déglingués du cerveau.

Pour des raisons administratives, ils n’ont plus le droit de rouler au speedway. Le circuit qui rassemble la communauté depuis 40 ans est invité à fermer. Oui, c’est bien d’une communauté dont il s’agit. Il faut voir les ovations réservées aux chauffeurs qui sortent des carlingues… “Quand tu as un pilote qui ne sort pas de voiture, c’est le silence, explique Roland, le gérant des lieux. Tout le monde attend pour voir ce qu’il s’est passé. S’il est blessé ou pas. C’est vraiment le système des gladiateurs du temps de Ben-Hur. Ces pilotes, c’est leur vie.Alizée et ses amis s’ennuient. Ils sont jeunes mais ça fait 20 ans qu’ils fréquentent le circuit. Du coup, ils vont faire des autocross. “Mais c’est pas pareil, commente la jeune femme. Ça secoue dans tous les sens. Et puis, surtout, il y a pas les murs…

Plus qu’un film de bagnoles, Julien Henry filme le défouloir, le lien social. Le lieu en sursis qui lutte pour sa survie (il a définitivement fermé cet été après trois ans de combat). Et des gens passionnés dont c’était l’une des rares bouffées d’oxygène. “Le public peut se promener dans le paddock. Il regarde comment on répare des voitures. C’est parfois extraordinaire. Quand je vois qu’ils peuvent changer un moteur en une heure et demie de temps… Quand tu vas au garage, tu en as pour une semaine.” Ils parlent de la peur, de l’excitation, de l’adrénaline… “Moi, un jour, mon père, il a fait la course des femmes avec une perruque…” Le tout avec l’accent du nord de la France et de ses environs. Un docu qui secoue et sent la tôle froissée, le pneu cramé et la chaleur humaine. (J.B.)

Wara, la destinée d’Aïcha (saison 2)

Mardi 7 novembre à 23 h 05 sur TV5 Monde.

Série créée par Charli Beléteau et Magagi Issoufou Sani. Avec Issaka Sawadogo, France Nancy Goulian, Maïmouna N’Diaye.

Cette production sénégalo-nigéro-française ambitionne depuis sa première saison en 2020 d’éveiller les consciences citoyennes sur les processus électoraux et de gouvernance en Afrique de l’Ouest, loin des accents paternalistes de la Françafrique. Centrée autour de la relation entre un professeur de droit constitutionnel Moutari Wara (Issaka Sawadogo) et l’étudiante Aïcha Diallo (France Nancy Goulian), la série poursuit son exploration des fossés intergénérationnels dans la politique, qu’elle comble en abordant des questions de militance, de corruption, de pollution, de traumas historiques et mémoriels avec un sens de la pédagogie qui ne plombe en rien le cours du récit. Elle approfondit même son propos ici, alors que Wara est menacé par les autorités en raison d’un passé soi-disant terroriste et que Aïcha se lance dans la politique locale à l’occasion d’élections municipales. Créée par Charli Beléteau et Magagi Issoufou Sani, Wara maintient la densité d’un bon thriller politique capable d’effeuiller avec acuité les enjeux contemporains. (N.B.)

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Le Goût du saké

Mercredi 8 novembre à 23 h 30 sur Arte.

Drame De Yasujirô Ozu. Avec Chishû Ryû, Shima Iwashita, Keiji Sada. 1962.

© SHOCHIKU CO., LTD.

Cinéaste de l’épure, de la famille et de la simplicité du quotidien, Yasujirô Ozu est décédé quelques mois à peine après la sortie japonaise, en 1962, du Goût du saké, son ultime long métrage. Le réalisateur essentiel de Voyage à Tokyo, Bonjour et autre Herbes flottantes y renoue avec une trame très proche de celle présidant à son fameux Printemps tardif de 1949. Soit, inscrit au cœur d’un Japon en pleine mutation, le voyage immobile et intérieur d’un père vieillissant qui, par angoisse et égoïsme, peine à libérer de son emprise sa fille, pourtant en âge de se marier… Rigueur du cadre et fixité des plans guident la mise en scène en apparence austère, mais pas pour autant dénuée de tendresse voire de mélancolie, d’Ozu, ce minutieux observateur des petits riens de l’existence. En prise sur la solitude et l’aveuglement d’hommes sur lesquels le temps est occupé à faire imperceptiblement son œuvre, le film, d’une déchirante profondeur, évoque parfois une Cantine de minuit avant l’heure. (N.C.)

Banksy, le Bataclan et la jeune fille

Jeudi 9 novembre à 22 h 55 sur La Une.

Documentaire d’Edoardo Anselmi.

© belgaimage

Dans la nuit du 26 juin 2018, une caméra filme la sortie de secours du Bataclan, celle-là même par laquelle des dizaines de spectateurs ont fui leurs assaillants et l’horreur lors des attentats du 13 novembre 2015, quand une silhouette encapuchonnée apparaît. Le lendemain, l’agent de maintenance ne fait pas attention. Il est même à deux doigts de repeindre la porte. Ceci n’est pourtant plus une porte. C’est une des œuvres du street artist le plus célèbre au monde. Certains l’appellent La Madone. D’autres La Jeune Fille triste. Deux ans et demi après les attaques terroristes, Banksy, qui dénonce surtout à l’époque l’accueil des migrants en France et en Europe, rend à sa manière hommage aux victimes du concert d’Eagles of Death Metal. Les œuvres de rue sont éphémères par essence. C’est dans l’ADN de l’art urbain. L’exposition dans l’espace public les rend particulièrement vulnérables. Certains peuvent dessiner dessus ou même contredire le message initial. Mais si le 26 janvier 2019, le Banksy soudainement disparaît, ce n’est pas parce que la porte a été recouverte mais parce qu’elle a été démontée à la disqueuse et emmenée dans une camionnette. Donnant la parole à un spécialiste de l’art urbain, au maire du 11e arrondissement, à une historienne de l’architecture, au commandant de police, à un commissaire priseur, aux voleurs et à des avocats spécialisés, le documentaire d’Edoardo Anselmi retrace une histoire rocambolesque de disparition, de vol, de trahison et questionne l’appartenance d’une œuvre, le droit d’auteur et le marché noir quand l’espace public remplace les toiles. (J.B.)

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