Critique | Séries/Télé

« Un meurtre au bout du monde »: un intrigant huis clos hautement technologique

3,5 / 5
© disney+
3,5 / 5

Titre - Un meurtre au bout du monde (A Murder at the End of the World)

Genre - Drame

Réalisateur-trice - Brit Marling et Zal Batmanglij

Quand et où - Disponible sur Disney+

Année - 2023

Casting - Emma Corrin, Clive Owen, Brit Marling

Nicolas Bogaerts Journaliste

Brit Marling et Zal Batmanglij signe une enquête criminelle en huis clos, intrigante et poétique sur l’obsession technologique.

Spécialiste du hacking, Darby Hart (Emma Corrin) a une passion pour les affaires classées, qu’elle tente d’élucider à coups de nuits blanches à traquer les indices sur le Web, les forums, les moteurs de recherche. Elle y rencontre Bill Farrah (Harris Dickinson), un autre jeune passionné avec qui elle réussit à remonter la piste d’un serial killer et amorce une histoire d’amour. Quelques années plus tard, alors que leurs chemins se sont séparés, elle attire l’attention du magnat des technologies Andy Ronson (Clive Owen), lequel l’invite à rejoindre un séminaire qu’il organise dans un lieu reclus au nord de l’Islande, mi-hôtel de luxe, mi-citadelle high tech. Parmi les participants, artistes, hackers et maîtres de l’AI venus pitcher leurs projets façon Ted, il y a Bill. Mais la surprise des retrouvailles est de courte durée, puisqu’un crime vient transformer la résidence de travail en décor de Cluedo avec Darby chargée de jouer les Hercule Poirot. À mesure qu’elle enchaîne les découvertes, l’enquête alterne avec des flash-back où se raconte son idylle naissante avec Bill, durant le road-trip vibrant de leur première investigation. Dans le même temps, pour ainsi dire, la résidence s’avère être un bunker panoptique pour milliardaire préparant l’effondrement climatique, avec en son cœur une AI obséquieuse nommée Ray, dont le rôle dans l’ambiance anxiogène va être bien sûr déterminant.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

La puissance du langage

Éjectés de Netflix il y a trois ans lorsque la plateforme a brutalement tiré la prise de The OA au bout de sa deuxième saison, Brit Marling et Zal Batmanglij sont toujours autant obsédés par les formes, les symboles et les sous-textes. Et ils en omettent parfois de soigner l’épaisseur des personnages secondaires. En revanche, pour qui parvient à apprécier les temps longs dont le couple de scénaristes/ producteurs est friand, A Murder at the End of the World (Un meurtre au bout du monde en VF) se révèle, par sa réalisation stylée et son rythme patient, une odyssée intrigante, initiatique et morale où brille une intense Emma Corrin. Huis clos étouffant et sombre, éclairé par les retours dans le temps et l’étendue neigeuse qui enserre les personnages, la série questionne la place de la technologie dans nos vies en tant qu’interface des émotions, miroir des peurs et des haines, et ce qui nourrit et articule en sous-main les algorithmes qui animent nos vies sociales. En seconde lecture, elle parvient à souligner la puissance du langage, de la parole, codée, décodée, porteuse de nos structures mentales et gage de notre salut en tant qu’humains. Tout ce que l’époque dit de notre illusion de sécurité et de contrôle.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content