Critique | Séries/Télé

The Patient, thriller en demi-teinte porté par ses acteurs

3 / 5
© disney+
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Titre - The Patient

Genre - Thriller psychologique

Réalisateur-trice - Joel Fields et Joe Weisberg

Quand et où - Disponible sur Disney +

Casting - Steve Carell, Domnhall Gleeson, Linda Emond

Nicolas Bogaerts Journaliste

Face-à-face entre un serial killer et son thérapeute, The Patient est un thriller en demi-teinte, malgré le talent de Steve Carell et Domhnall Gleeson.

Alan Strauss est un psy usé, fatigué. Le décès de sa femme, survenu peu de temps après que son fils a choisi d’embrasser le destin d’une communauté juive orthodoxe le coupant radicalement du reste de sa famille, a laissé des dommages profonds. Ils se lisent d’entrée sur le visage de Steve Carell, qui prête ses traits au thérapeute dans une impressionnante composition. Face à lui, une ribambelle de patients égrènent leurs troubles et maux divers, qu’Alan tente de traiter machinalement. Jusqu’à ce que Sam prenne place dans le divan, un jeune homme dont le teint cireux et les propos vagues traduisent le mal-être et les remords. Sam est un tueur en série, et il a un plan: il kidnappe et séquestre Alan dans son sous-sol, le forçant à lui accorder des séances quotidiennes où il tentera de déjouer ses pulsions de mort. Très vite, le face-à-face déborde des limites éthiques et Alan, forcé quant à lui de revisiter son propre passé, va tenter par tous les moyens de retarder l’irréparable, tout en perçant à jour l’âme du crime.

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En dix épisodes de 22 minutes environ, comme autant de pastilles diffusant un poison lent, The Patient expose les étapes d’une relation thérapeutique hors cadre, percutée de pulsions destructrices, de souvenirs douloureux, de révélations glauques, traversée par des moments de résilience et hantée par une musique lancinante sur laquelle se fissurent les psychés. En réduisant les épisodes de la sorte, les showrunners Joel Fields et Joe Weisberg parviennent à tenir leur intrigue au collet et l’attention d’un spectateur avide de vérifier comment chaque rebondissement ou déclenchement ultime va se métaboliser par la suite et si Sam préférera libérer ses pulsions ou son psy. En réservant à son dernier épisode un traitement libératoire exceptionnel de 46 minutes, The Patient prend le risque immense de la frustration après une attente savamment orchestrée. Et la frustration est bien là. Comme dans tout processus analytique, le passage à l’acte est chose délicate.

© National

L’architecture de l’ensemble tient malgré tout grâce à l’immense performance réalisée par les deux acteurs principaux, Domhnall Gleeson et Steve Carell, qui parviennent à donner à leur personnage et leurs intrigues une profondeur addictive. Leur présence physique, leurs regards, leur articulation des dialogues économes donnent un relief surprenant à ce récit qui tient sur un mouchoir de poche. Le charisme de ce curieux binôme déborde de ce récit damné d’avance, et révèle l’étrange intensité de deux chiens de faïence qui n’auraient d’autre possibilité que de se faire face.

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