Critique | Séries/Télé

The Midnight Club joue avec nos terreurs intimes

3,5 / 5
© NETFLIX
3,5 / 5

Titre - The Midnight Club

Genre - Drame horrifique

Réalisateur-trice - Mike Flanagan et Leah Fong

Quand et où - Disponible dès à présent sur Netflix

Année - 2022

Casting - Iman Benson, Igby Rigney, Ruth Codd

Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Avec The Midnight Club, le créateur de The Haunting of Hill House et Bly Manor signe un habile et addictif Breakfast Club horrifique.

Petit maître de l’épouvante remarqué à la barre de Doctor Sleep, l’adaptation cinématographique de la suite de The Shining, mais surtout des séries Netflix The Haunting of Hill House, Bly Manor et Midnight Mass, l’Américain Mike Flanagan a le chic pour tourner avec style et sobriété le dos aux codes emphatiques de l’horreur contemporaine afin de privilégier une certaine profondeur dramatique. Après s’être notamment frotté aux œuvres phares de géants de la littérature gothique tels que Shirley Jackson et Henry James, il s’attaque cette fois, avec The Midnight Club, à un bouquin plus pop des années 90 signé Christopher Pike, auteur américain souvent considéré comme une sorte de Stephen King de la littérature jeunesse. Centrée autour d’un groupe de teenagers atteints de maladies incurables qui se retrouvent la nuit dans les sous-sols ténébreux de leur hôpital isolé pour se raconter des histoires qui font peur, la série évoque une espèce de Breakfast Club morbide tout en réveillant le souvenir d’anthologies à la Twilight Zone ou, plus proche de nous, à la Goosebumps

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L’hôpital et ses fantômes

Si l’ensemble, qui prend à nouveau la forme d’une histoire de maison hantée et de fantômes dans le placard, s’adresse cette fois à un public moins adulte qu’adolescent, il n’en continue pas moins de creuser la voie d’une grande intelligence sensible. Comme à son habitude, Flanagan, en effet, convoque ici avant tout l’horreur pour faire sauter le cadenas de l’intime, explorant à grand renfort de récits qui font se dresser les poils un large éventail d’inquiétudes, de troubles, de croyances et d’aspirations profondes qui habitent nos mondes intérieurs. Ainsi, les jeunes personnages de The Midnight Club semblent se raconter des histoires macabres au coin du feu autant pour défier la mort que pour en accepter l’inéluctabilité, et, au bout du compte, se montrer capables de l’accueillir le plus sereinement possible. La série culmine d’ailleurs dans un assez déchirant septième épisode en forme de veillée funèbre qui célèbre le pouvoir réparateur et apaisant des mots face à l’angoisse universelle de la fin de toutes choses.

Le casting de The Midnight Club. © Eike Schroter/Netflix/2022

Multipliant les histoires courtes et tranchantes tout en continuant à suivre un même fil narratif à travers l’ensemble de ses dix épisodes (deux d’entre eux sont réalisés par la Belge Axelle Carolyn), The Midnight Club joue avec les codes mélancoliques de l’horreur en mode mise en abyme sans pour autant oublier de se faire avant tout plaisir. Elle ne manque jamais, en effet, de glisser une pointe d’ironie très distanciée en pleine ambiance cauchemardesque tout en s’amusant constamment à jongler avec les différents registres qu’autorise la recherche de l’effroi: conte fantastique, science-fiction, polar, film noir, etc. Une indéniable réussite qui vibre d’un amour sincère pour le genre!

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