La troisième saison de l’anthologie Monstre créée par Ryan Murphy continue de faire frémir, avec L’Histoire d’Ed Gein.
Monstre: L’histoire d’Ed Gein
NETFLIX
Une série de Ryan Murphy et Ian Brennan. Avec Charlie Hunnam, Vicky Krieps, Tom Hollander. 8 épisodes entre 45 et 55 minutes.
La cote de Focus: 3,5/5
Dans le vivier, hélas inépuisable, des tueurs en série ayant sévi aux Etats-Unis, peu sont aussi abominables qu’Ed Gein. Nécrophile, profanateur de tombes, adepte de masques en peau, fasciné par les camps d’extermination nazis, la barbarie de ce meurtrier a notamment inspiré le leatherface du culte Massacre à la tronçonneuse, de Tobe Hooper. Après Jeffrey Dahmer et les jumeaux Menendez, cette troisième saison de l’anthologie Monstre créée par Ryan Murphy continue de faire frémir.
La mise en scène extrêmement maîtrisée plonge tout de suite le spectateur dans cette atmosphère hivernale et poisseuse, tandis que Charlie Hunnam (l’ancien beau gosse de Sons of Anarchy) parvient à incarner magistralement cet étrange mélange de fragilité et d’instabilité propre à la personnalité d’Ed Gein. Reste une impression d’un voyeurisme morbide parfois excessif –un défaut que l’on peut appliquer à chaque saison, en réalité.
J.D.P.
Les autres séries qui font l’actu
The Narrow Road
Ingvar Kenne/Curio/Sony Pictures Television
Disponible sur BE1 à partir du 16 octobre à 20h30.
Une série de Justin Kurzel et Shaun Grant, d’après Richard Flanagan. Avec Jacob Elordi, Ciarán Hinds, Odessa Young. 5 épisodes de 45 minutes.
La cote de Focus: 4/5
En 1989, alors qu’il assure la promotion d’un livre sur la Seconde Guerre mondiale, un chirurgien réputé qui a servi en Asie et au Moyen-Orient se remémore son effroyable passé et l’inhumanité des conflits armés. Médecin et héros de guerre, Dorrigo Evans a été capturé par les Japonais en 1943 et contraint aux travaux forcés. Réduit en esclavage, il a travaillé avec ses compagnons d’infortune sur la construction d’une ligne de chemin de fer reliant la Thaïlande et la Birmanie. Pendant des mois, malades et exténués, affamés, maltraités et humiliés par leurs geôliers, les prisonniers australiens ont trimé et sont morts dans la jungle, la boue et l’indifférence.
Imaginé et réalisé par Justin Kurzel (Macbeth, Nitram) qui, rayon séries, se cache aussi derrière les deux derniers épisodes de Black Rabbit, et son fidèle collaborateur Shaun Grant (qui a aussi œuvré avec David Fincher sur Mindhunter), The Narrow Road (To the Deep North) est l’adaptation d’un roman à l’intensité poétique sur l’absurdité de la guerre. Signé Richard Flanagan, inspiré par son père lui-même obligé de travailler sur la voie ferrée de la mort et récompensé en 2014 du prestigieux Booker Prize, La Route étroite vers le Nord lointain trouve un retentissant écho dans cette minisérie poignante et par moments difficilement soutenable. Une décapitation par-ci, une amputation à la scie par-là… Brillamment emmenée par Jacob Elordi (Euphoria, Priscilla, Saltburn…) et Ciarán Hinds (Harry Potter, Belfast…), qui incarnent tous deux son personnage principal, The Narrow Road to the Deep North montre la guerre dans toute sa cruauté et son horreur, raconte à quoi l’homme s’accroche pour survivre et souligne la précarité de la mémoire ainsi que la triste et inévitable victoire de l’oubli. Une série qui n’est pas sans rappeler par moments La Ligne rouge de Terrence Malick.
J.B.
Mobland
Ingvar Kenne/Curio/Sony Pictures Television
A partir du 11/10 à 20h30 sur Be Series.
Une série de Ronan Bennett. Avec Tom Hardy, Pierce Brosnan, Paddy Considine. 10 épisodes de 50 min.
La cote de Focus: 2,5
Les gros castings ne font pas nécessairement les grands chefs-d’œuvre. Doté d’une distribution cinq étoiles dans laquelle se sont glissés en autres Paddy Considine, Helen Mirren et Anson Boon, Mobland en est une excellente illustration. Un an après ses débuts dans le monde des séries avec Gentlemen, adaptation et dérivation fragmentées autour de son propre film du même nom, Guy Ritchie (Arnaques, crimes et botanique, Snatch…), spécialiste britannique des gangsters et malfrats en tous genres, a produit et co-réalisé un programme qui lui ressemble.
Un programme avec de l’action, du rythme, de l’humour, des personnages hauts en couleur et un cruel manque de profondeur. Interprété par Tom Hardy (les deux hommes avaient déjà bossé ensemble sur RocknRolla) comme un poisson dans l’eau en mec qu’on fait pas chier, Harry est l’homme à tout faire des Harrigan, une famille violente et mafieuse de la région londonienne. Toujours prêt à intimider, à casser des dents et à nettoyer le merdier de ses employeurs, scènes de crime en tête. Sous les ordres de Conrad (interprété par l’ancien James Bond Pierce Brosnan), Harry court dans tous les sens pour éviter une guerre ouverte avec un clan rival. Non sans devoir gérer la pression des flics, les menaces de divorce de son épouse et les problèmes de sa femme de ménage. Une série mafieuse de plus, plaisante mais dispensable, dans un paysage déjà saturé.
J.B.