Mercredi revient hanter vos soirées Netflix! Et ça va saigner…

Mercredi Addams fait son retour à l’Académie Nevermore. © JONATHAN HESSION/NETFLIX
Julien Bordier Journaliste

La famille la plus étrange, lugubre, gothique et morbide de la pop culture est de retour dans la deuxième saison de Mercredi sur Netflix. Retour sur la généalogie du clan Addams…

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Tout a commencé durant l’été 1938 avec un dessin en page 9 du New Yorker qui a valu à son auteur, Charles Addams, un chèque de 85 dollars (environ 1.700 euros aujourd’hui). Selon la légende, Addams gribouillait sur une table de dissection et son presse-papier favori était un morceau de pierre tombale. Sa célèbre tribu, inversion satirique qui moque le mythe de la famille moderne américaine, n’est née que plusieurs années après l’apparition de chaque personnage; mais c’est là, il y a 87 ans, qu’il faut s’en aller chercher les germes de la célèbre famille Addams.

Charles, né en 1912 à Westfield dans le New Jersey, était le fils unique d’un vendeur de pianos et de parents aimants. «Ça aurait peut-être été plus intéressant si j’avais vécu une enfance effroyable, enchaîné à un lit en fer forgé et alimenté quotidiennement avec des boîtes de nourriture pour chien, mais je suis une de ces personnes étranges qui ont coulé de jeunes jours heureux», déclarait-il dans Charles Addams: A Cartoonist’s Life de Linda H. Davis (Turner Publishing, 2021). Addams n’en prenait pas moins un malin plaisir à effrayer sa grand-mère. Il a toujours eu un faible pour le macabre, aimé explorer les cimetières et visiter la vieille demeure victorienne abandonnée du quartier.

Epris d’illustration depuis ses études secondaires, il a étudié à la Grand Central School of Art de New York et a vendu son premier cartoon au New Yorker en 1932, alors qu’il était encore étudiant. Charles Addams est l’un des rares artistes de son temps qui parvint à vivre de son œuvre durant toute son existence. Il n’était pas milliardaire, mais il habitait un appartement qui surplombait le jardin de sculptures du Moma, conduisait une Bentley et une Bugatti et, séducteur devant l’éternel, sortit avec Jackie peu de temps après l’assassinat de Kennedy. Alfred Hitchcock se serait même un beau jour planté devant sa porte avant de devenir son ami.

Durant sa carrière, Addams a dessiné 1.300 planches de BD pour le New Yorker mais seulement 58 d’entre elles concernent la famille la plus délicieusement macabre et givrée d’Amérique. Cette famille est longtemps restée anonyme. Plus ou moins jusqu’à son apparition à la télévision. Les six personnages principaux figuraient déjà dans son recueil Dear Dead Days: A Family Album (1959). Mais le nom de Gomez n’est apparu qu’avec son incarnation à l’écran par John Astin. Là où ceux de Morticia et de Mercredi ont vu le jour avec une collection de poupées en 1962.

100% folie

La Famille Addams débarque sur les écrans le 18 septembre 1964 à 20h30 sur ABC. Sa production a démarré après que les patrons de la chaîne ont eu vent de la programmation par CBS de la série The Munsters. Moins sombre que la BD dont elle était extraite mais plus adulte que sa rivale, The Addams Family rompait radicalement avec les sitcoms traditionnelles, offrait à suivre une petite famille des horreurs et renvoyait les téléspectateurs au rang d’outsiders.

© JONATHAN HESSION/NETFLIX

L’univers de la série doit beaucoup à l’auteur et producteur Nat Perrin, notamment fournisseur de gags pour les Marx Brothers. Perrin a davantage joué sur la folie que sur le côté obscur de la famille et a accordé plus de place à Cousin Machin et à la Chose (la main de Ted Cassidy, qui interprétait également Max le majordome, était sous contrat) que Charles Addams.

Certains ont pu s’étonner du personnage de Gomez dans Mercredi, pas vraiment raccord avec le beau gosse séducteur de la série originelle et des films de Barry Sonnenfeld. Mais dans les dessins du New Yorker, le père Addams était moche, avait des dents de travers, un menton fuyant et un drôle de nez.

«Ça aurait peut-être été plus intéressant si j’avais vécu une enfance effroyable, enchaîné à un lit en fer forgé.»

 

Critique sociale

La version des années 1960 raconte la plupart du temps la famille Addams en train de s’adonner à ses activités quotidiennes. Gomez et Morticia sont même considérés par beaucoup comme le premier couple de télévision à avoir affiché une vie sexuelle active. Mais tout en s’amusant avec les codes de la normalité, les notions de bien et de mal. La Famille Addams est teintée d’une vraie critique sociale. Gomez est riche, n’en touche pas une, manque d’autorité, ne pense qu’à son épouse et à ses loisirs. Morticia, qui a toujours le dernier mot, est en rupture avec l’image de la femme dans la société patriarcale de l’époque. Tandis que les gosses jouent sans se faire engueuler avec des outils de torture et des animaux dangereux. Le tout en donnant l’image d’une famille heureuse et soudée.

© BERNARD WALSH/NETFLIX

Si les Addams ont eu droit à un dessin animé (il y en aura un deuxième en 1992) produit par les studios Hanna-Barbera au début des années 1970, puis à un téléfilm avec les acteurs originaux, ils ne sont rentrés dans les foyers francophones européens que grâce à la diffusion de la série sur M6 à la fin des années 1980 avant de s’imposer mondialement grâce aux deux films de Sonnenfeld (La Famille Addams en 1991 et Les Valeurs de la famille Addams en 1993). Ils se sont même offert plus récemment deux longs métrages d’animation générés par ordinateur.

La série des sixties a exercé une influence profonde sur la bande dessinée, la télévision et le cinéma américains et elle colle évidemment plutôt bien au teint blafard et à l’univers gothique de Tim Burton. Dans son spin-off Mercredi (l’héroïne avait déjà eu droit à une websérie qui imaginait sa vie quotidienne une fois devenue adulte), le réalisateur d’Edward aux mains d’argent et de Beetlejuice se penche sur les aventures de la jeune sociopathe durant ses études à la Nevermore Academy. Burton, dont c’est la première série, a participé à son développement, en est le producteur exécutif, a réalisé quatre épisodes de la première saison et remet le couvert pour la deuxième. Il a rafraîchi le mythe, rajeuni son audience et fait de Mercredi l’une des séries les plus regardées de Netflix.

Si en 1991, c’était Christina Ricci, encore enfant, qui incarnait la jeune fille, c’est désormais l’actrice aux racines mexicaines Jenna Ortega (Scream, Beetlejuice Beetlejuice), ex-enfant star de Disney Channel, qui prête ses traits au personnage et rappelle que les Addams ont des origines latino (le Portoricain Luis Guzmán interprétant le rôle de Gomez). La famille, c’est sacré…

Mercredi (saison 2)

Disponible sur NETFLIX

Une série d’Alfred Gough et Miles Millar. Avec Jenna Ortega, Catherine Zeta-Jones, Steve Buscemi. 4 épisodes disponibles sur 8.

La cote de Focus: 3,5/5

Ligotée et bâillonnée autour d’une table avec de flippantes poupées, Mercredi est tombée entre les mains d’un tueur en série qui ne sait pas dans quel pétrin il s’est fourré. C’est la rentrée scolaire et la jeune Addams attaque une nouvelle année à l’Académie Nevermore. Adulée à son grand désarroi par ses condisciples et le nouveau directeur de l’établissement (incarné par Steve Buscemi), Mercredi a des problèmes avec ses visions et des larmes noires qui lui coulent sur les joues. Il y a un côté clairement Harry Potter mais aussi une tonne de clins d’œil (Les Oiseaux d’Hitchcock, La Cité des enfants perdus, Westworld pour la reprise de standards indé au piano et même Wayne’s World) à ce spin-off Netflix de la Famille Addams (un autre devrait suivre autour de l’oncle Fétide). C’est drôle, caustique et sympathiquement modernisé par Tim Burton. La deuxième fournée de quatre épisodes est prévue pour le 3 septembre et une troisième saison a d’ores et déjà été annoncée.

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