L’histoire de l’invention des bigoudis chauffants, une série espagnole sur un centre d’excellence sportif ou le quatrième volet de The Bear: quelle série voir, quelle série éviter?
Carmen Curlers
Disponible sur ARTE.TV
Une série de Mette Heeno. Avec Morten Hee Andersen, Maria Rossing, Nicolai Jørgensen. 15 épisodes (deux saisons) de 52 minutes.
La cote de Focus: 3/5
«L’homme naît comme il meurt. Sans dents, sans cheveux et sans illusions», disait Alexandre Dumas. Mais il n’en va pas de même pour les femmes. Du moins en ce qui concerne la chevelure. Il faut dire qu’elles ont tendance à en prendre soin… Fiction danoise créée par Mette Heeno (Splitting Up Together, Snow Angels…), Carmen Curlers retrace l’histoire d’une invention qui a révolutionné le monde de la coiffure et bousculé la société: le bigoudi chauffant.
Librement inspirée de faits réels, la série raconte avec un style vintage, des acteurs de qualité, un humour et à l’occasion des chorégraphies gentiment décalés comment un vendeur de matériel électroménager et une agricultrice ont développé, grâce à un objet dans lequel personne ne croyait, l’entreprise à la croissance la plus rapide du monde dans les années 1960. Carmen Curlers est aussi une plongée dans le Danemark de l’époque. Une histoire d’émancipation féminine, d’avancée des mœurs et de lutte des classes. Dommage qu’elle tire inutilement en longueur.
J.B.
The Bear (saison 4)
Disponible sur DISNEY+
Une série de Christopher Storer. Avec Jeremy Allen White, Ayo Edebiri, Ebon Moss-Bachrach.10 épisodes – de 30 à 70 minutes.
La cote de Focus: 4/5
La saison 3 de The Bear avait divisé le public, entre ceux qui louaient l’audace d’une série contemplative et entièrement dédiée à la psychologie de ses personnages, et les autres qui y voyaient un show prétentieux, trop fier de sa propre esthétique. La vérité se niche sans doute entre ces deux extrêmes, mais toujours est-il que cette nouvelle saison se recentre sur quelque chose de plus accessible, de plus conventionnel, davantage à l’image des débuts.
La série a toujours fasciné par sa manière d’appréhender le travail. Pas de danger de mort ni d’enquête sordide dans The Bear, mais des gens aux fourneaux ou dans la salle, tentant de maximiser leur savoir-faire. De ce point de vue, si cette saison possède un objectif dramatique très concret –le Bear a trois mois pour performer, sous peine de mettre la clé sous la porte–, l’essentiel reste l’évolution, même minime, des différents personnages.
Parmi la distribution, Carmy (Jeremy Allen White) est sans doute celui dont le parcours interpelle le plus. Alors qu’il a passé les trois dernières saisons à se demander comment se dépasser, c’est une tout autre réflexion qui le traverse ici: a-t-il encore une vraie passion pour la cuisine?
Moins tumultueuse qu’auparavant, The Bear continue donc ce singulier chemin, et se mue peu à peu en un feel-good-show à la fois doux, intelligent et étonnamment optimiste.
J.D.P
Olympo
Disponible sur NETFLIX
Une série de Jan Matheu Montserrat, Laia Foguet, Ibai Abad. Avec Clara Galle, Nuno Gallego, Nira Osahia. 8 épisodes de 45 minutes.
La cote de Focus: 1/5
Olympo est le nom d’une célèbre marque de vêtements de sport, sponsor incontournable pour tout athlète aspirant aux Jeux olympiques. Chaque année, l’équipementier choisit de soutenir trois compétiteurs du CES (centre d’excellence sportif) des Pyrénées, initiant une lutte acharnée entre les différents candidats. Une course à l’excellence qui pousse certains dans leurs derniers retranchements, alors que d’autres se laissent tenter par dopage… Avec pareille idée de base, cette nouvelle série espagnole aurait pu offrir un réquisitoire sur l’idéologie toxique du dépassement de soi, cette méritocratie toute-puissante qui gangrène le milieu sportif et nourrit toutes ses dérives.
Hélas, il apparaît vite évident que l’arène olympique n’est qu’un décorum, sous-investi, presque un prétexte pour dévêtir constamment les jeunes comédiens au physique d’Apollon et d’Aphrodite. Les amourettes et les (nombreuses) scènes de sexe prennent ainsi une place prépondérante dans l’intrigue, au point de mettre de côté les rivalités entre les personnages et la compétition sportive en tant que telle. Ce n’est pas forcément un problème: l’an dernier, le cinéaste Luca Guadagnino montrait avec Challengers que le sport de haut niveau pouvait être un formidable territoire érotique, à condition qu’on l’investisse avec un regard cinématographique. Malheureusement, ce n’est pas le cas d’Olympo.
Tubes omniprésents, rythme tambour battant, montage incertain, ralentis lascifs, sexualisation à outrance des corps…Un peu à la manière d’Elite, autre série espagnole particulièrement vulgaire et racoleuse, Olympo collectionne les pires clichés du genre et se noie très vite dans les profondeurs de son bassin olympique. A éviter.
J.D.P.