La sélection TV du 8 au 14 mars: Thelma et Louise, Hollywood et la Chine, une Amérique belliqueuse et un coup de foudre à Belfast.

Dans la sélection TV cette semaine: Hollywood est-il sous influence chinoise? © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Dans la sélection TV de cette semaine, les relations entre la Chine et Hollywood, un décryptage de Thelma et Louise, l’histoire armée de l’Amérique et une série romantique comique en Irlande du nord.

Hollywood sous influence chinoise

Mercredi 12 mars à 23.00 sur Arte

Documentaire de Mario Sixtus.

3,5/5

La Chine est une dictature qui bafoue allègrement les droits de l’homme, malmène ses opposants et interne dans des camps les membres de minorités ethniques. Mais on ne critique pas cette superpuissance sans conséquences. Hollywood en sait quelque chose. Comment l’industrie du cinéma américaine interagit-elle avec Pékin?

C’est tout le sujet de ce documentaire réalisé par Mario Sixtus (Hyperland, IA et cinéma: la vie rêvée des machines). Les relations entre l’empire du milieu et l’usine à rêves ont longtemps été inexistantes. Entre 1950 et 1980, un seul film américain est sorti dans les salles chinoises. Et Le Sel de la terre (1954) qui raconte le combat d’ouvriers en grève face à une compagnie minière aux méthodes inhumaines était sur liste noire aux USA pour soupçons d’affinités communistes.

A partir de 1990, les distributeurs chinois ont pu importer régulièrement des longs métrages américains et la Chine est devenue un vrai marché pour Hollywood. Non sans devoir faire face à la censure de Pékin. La sortie en 1997 de Sept Ans au Tibet, Kundun et Red Corner marque un point de bascule. Ce dernier a d’ailleurs carrément fait dérailler la carrière de Richard Gere. Déjà engagé à l’époque en faveur du Tibet, il se voit blacklister après avoir participé à ce film qui met en exergue la corruption au sein de la justice chinoise. Le studio a rétropédalé pour limiter les dégâts mais Gere a continué à critiquer ouvertement le régime dans des conférences de presse. Les «films qui s’en prennent à la Chine avec l’intention de lui nuire» ne sont pas juste interdits. Les studios et toutes les personnes impliquées sont punis.

Si Babe a été recalé parce qu’il mettait en scène des animaux qui parlent et si Fight Club a eu droit à un petit texte final expliquant à l’écran que le méchant avait été capturé et envoyé dans un hôpital psychiatrique (le régime a un problème avec les criminels impunis), les studios américains ont aussi, pour ne pas se couper d’un marché extrêmement lucratif, décidé d’adapter préventivement leurs scénarios. D’éviter les sujets qui fâchent (notamment les trois T: Tibet, Taïwan et Tiananmen.). D’invisibiliser les minorités queer. Et même parfois de sortir de leur chapeau des personnages supplémentaires. Un méchant ne peut jamais être chinois et on peut toujours compter sur l’armée populaire de libération pour décoincer la situation.

L’association PEN America qui défend la liberté d’expression aux Etats-Unis a publié en 2020 un rapport très complet sur la question. Son auteur témoigne au même titre qu’un producteur, un scénariste ou encore un journaliste spécialisé dans ce documentaire ponctué par des séquences en dessin animé. Passionnant.

L’Amérique en guerre

Mardi 11 mars à 21.00 sur Arte

Documentaire de Pierre Haski.

3/5

Alors que Donald Trump succombant à ses penchants expansionnistes déclarait récemment vouloir récupérer le canal de Panama, annexer le Groenland et faire de Gaza une Riviera du Moyen-Orient, ce documentaire de Pierre Haski (chroniqueur géopolitique sur France Inter et au Nouvel Observateur) retrace l’histoire militaire de l’Amérique. 

Nés dans les conflits et dans le sang, les Etats-Unis sont presque constamment en guerre depuis qu’ils sont devenus une nation indépendante. Puis aucun autre pays au monde n’affiche pareille puissance. Chaque année, il faut enrôler plus de 60.000 soldats pour faire tourner l’armée américaine. Elle possède onze porte-avions. Plus que toutes les armées du monde réunies. Fait voler 11.000 appareils militaires. Plus qu’aucun autre pays. Et est également la première à avoir maîtrisé l’arme atomique. Un récit qui évoque les conflits intérieurs (révolution, guerre de Sécession, guerres indiennes…), les combats avec l’Espagne aux Philippines mais aussi évidemment l’histoire mouvementées du XXe siècle.

Thelma et Louise: un western féministe

Dimanche 9 mars à 23.05 sur Arte

Documentaire de Leni Mérat et Joséphine Petit.

3/5

Soirée spéciale Thelma et Louise sur Arte. Dans la foulée du film culte de Ridley Scott sorti en salles au printemps 1991, la chaîne franco-allemande diffuse ce dimanche soir un documentaire de Leni Mérat et Joséphine Petit racontant l’histoire de ce road-movie féministe qui a fait voler en éclats les stéréotypes machistes tout en rencontrant un vrai succès public.

Epopée existentielle immortalisée par l’un des premiers selfies du cinéma, manifeste pour la liberté, la rage de vivre et l’amitié indéfectible, portrait dévastateur du mariage aussi, Thelma et Louise retrace une escapade qui tourne à la cavale lorsque la deuxième abat un homme qui tente de violer la première. Entre des séquences d’archives et des extraits du film, la chef décoratrice Anne Ahrens, la scénariste Callie Khouri et la productrice Mimi Polk entre autres éclairent de leurs lumières une étape décisive dans la représentation des femmes au cinéma.

Cette anomalie arrivée sur les écrans 30 ans avant #MeeToo. A une époque où les duos de hors-la-loi étaient réservés aux hommes (tout au plus à un couple). Et où le duo Geena Davis-Susan Sarandon était moins vendeur que celui testostéroné de Mel Gibson et Danny Glover.

The Lovers

Jeudi 13 mars 20.30 Be 1

Série de David Ireland. Avec Johnny Flynn, Roisin Gallagher, Alice Eve. Six épisodes de 30 min.

3/5

Alors qu’il essaie d’échapper à des petits voyous dans les rues de Belfast où il est parti tourner des émissions qui marquent son passage de la radio à la télévision, un jeune chroniqueur politique londonien nombriliste aux origines irlandaises sauve par hasard la vie d’une employée de supermarché forte en gueule qui tente de se suicider dans sa cour. Le début d’une grande histoire d’amour?

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Janet et Seamus (déjà en couple avec une célébrité) préfèrent opter pour l’adultère. Le pitch d’une comédie romantique gentiment chaotique. D’une love story savoureusement improbable. Créée par David Ireland (Cold Water), The Lovers aime les situations cocasses, l’amour et l’humour vaches. Et sort de la masse en prenant ses distances avec le sentimentalisme.

Le tandem composé par Johnny Flynn (Une Vie, The Outfit, Ripley…) et Roisin Gallagher (The Dry) fonctionne à merveille. Et la musique (Blondie, Django Django, Vaccines, Velvet…) lui va bien au teint. Une rom-com rythmée, drôle et plutôt sympathique.

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