Critique | Séries/Télé

Road Diary, un documentaire inédit au cœur de la tournée du “Boss” Bruce Springsteen

3,5 / 5
À 74 ans, Bruce Springsteen draine toujours autant les foules. © HULU/Disney+
3,5 / 5

Titre - Road Diary: Bruce Springsteen and the E Street Band

Genre - Documentaire

Réalisateur-trice - Thom Zimny

Quand et où - Disney+

Nicolas Bogaerts Journaliste

Documentant les retrouvailles de Bruce Springsteen et du E Street Band, Road Diary dresse le portrait d’une icône et de ses fans enamourés, aux prises avec le temps qui passe.

Le E Street Band a toujours été hétéroclite, intégrant des musiciens venus du rock, de la soul, du jazz. Mais aujourd’hui, sur scène, Bruce Springsteen s’est entouré en plus d’une dizaine de choristes, de percussionnistes et de cuivres, qu’il emmène depuis 2012 dans des concerts toujours aussi marathoniens. Aussi, lorsqu’il a fallu relancer la machine après six années d’absence, dues aux restrictions liées au Covid, les répétitions ont eu autant de mal à démarrer qu’un diesel en plein hiver. Dès les premiers mots de cet épais carnet de route qu’est Road Diary, Springsteen partage à la fois son désir et son inquiétude à l’idée d’entamer un nouveau chapitre.

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Comment se reconnecter à la fois avec un groupe, une histoire et un public réparti sur une centaine de dates dans des stades gigantesques? Dès les premières minutes, quelque chose cloche. Le rythme n’y est plus, les corps sont fatigués. Lestés par les attentes suscitées après les sorties de trois albums, des rééditions et des DVD multiples, des chaînes et playlists inédites inaugurées sur les plateformes de streaming? Ou plus simplement par le poids des ans?

Ferveur inextinguible

Alternant le long chemin des répétitions, les concerts bibliques -des dizaines de dates incandescentes aux États-Unis, en Europe, avant un retour en fanfare au pays- et des images d’archives inédites des tournées bricolo des années 70, Road Diary est un documentaire intense, surprenant de candeur et de sincérité, mais parfois un peu attendu. Notamment lorsque les fans témoignent de leur ferveur inextinguible, propulsée à chaque concerts vers le firmament. Séquences tire-larmes, passages obligés pour honorer un artiste iconique qui ne fait pas plus l’économie de l’introspection que de l’énergie déployée sur scène.


© HULU/Disney+

N’empêche, l’hommage aux disparus -l’organiste Danny Federici et le saxophoniste Clarence Clemons décédés respectivement en 2008 et 2011- qui ont inspiré l’album Letter to You en 2020, est omniprésent. Pour laudatif qu’il soit, le documentaire n’est pas une quête nostalgique des origines: il est un instrument de mesure impressionniste du temps qui passe et du temps qui reste. À 74 ans, Bruce ne montre plus ses muscles bandés, mais un corps un peu rouillé, malgré le feu toujours sacré. Le tempo des chansons s’est ralenti, et surtout le sens de sa démarche (au propre comme au figuré) s’est transformé. Le natif du New Jersey a toujours pris un soin immense à ajuster l’évolution de sa musique à la sienne. Embrasser la fin, la perte et les célébrer dans une orgie de sons et de fraternité est un acte généreux de plus dans une carrière qui n’en manque pas.

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