Qu’est-ce qu’on regarde à la télé cette semaine?

© Temps Noir

Plutôt film ou série? Plutôt docu nature ou docu cinéma? La rédaction de Focus Vif vous aide à faire votre choix télé.

Gardiens de la forêt

Samedi 9 décembre à partir de 13 h 55 sur Arte.

Série documentaire de Marc Dozier.

© Marco Rebuttini

Dans ma tribu des Hautes-Terres de Papouasie-Nouvelle-Guinée,on dit que les arbres sont les enfants des nuages et du soleil. Moi, je suis né au petit matin sous un vieux kouradja. C’est pour cette raison que je suis un fils de la forêt.” Chef coutumier papou, Mundiya Kepanga n’a cessé de parcourir le monde pour défendre ces géants de la nature et ceux qui vivent cachés dans leurs branches. Il a donné des conférences à l’Unesco pour la COP 21, lutte contre la déforestation depuis plus de 20 ans et a reçu deux prix Greenpeace pour le documentaire Frère des arbres qui retrace son combat contre leur exploitation illégale. Les communautés autochtones jouent un rôle déterminant pour enrayer la destruction des cinq dernières grandes forêts primaires sur Terre. Cette série documentaire en cinq épisodes (tous diffusés samedi) de Marc Dozier suit cinq de leurs leaders dans leur lutte quotidienne pour préserver les poumons de la planète. Que ce soit au Gabon, au Canada, en Mongolie ou au Brésil… Un programme, soigné, d’utilité publique. (J.B.)

Cyril Collard: à la vie, à l’amour

Samedi 9 décembre à 22 h 35 sur France 4.

Documentaire de Caroline Halazy.

Cyril Collard. © Getty

À l’automne 1992, un inconnu secoue la société et le cinéma français avec l’adaptation de son roman largement autobiographique. Les Nuits fauves, c’est l’histoire de Jean, un chef opérateur curieux, doué, séropositif, en couple avec un homme qui rencontre une jeune femme belle et pleine de vie. Jean, c’est le double de Cyril Collard. Romancier, musicien et réalisateur bisexuel atteint du sida, Collard a rassemblé ses dernières forces et ce qui lui restait d’énergie pour mener à bien le projet. Il mourra d’ailleurs quelques mois après la sortie du film, à seulement 35 ans. Le documentaire de Caroline Halazy tire le portrait d’un artiste venu d’un milieu bourgeois, versaillais, qui voulait montrer la vie telle qu’elle est. Dans les rues mais aussi dans le caractère des gens. Un mec impliqué qui faisait du cinéma par nécessité et ressentait un irrépressible besoin de se frotter au terrain. Chez Collard, rien n’est lisse. Ni les émotions, ni la manière de les filmer. À la vie, à l’amour évoque aussi sa passion pour la musique. Son groupe: Cyr. Le clip de Douce France qu’il réalise pour Carte de Séjour et son pote Rachid Taha. “On a des choses à l’intérieur de soi et à un moment, on a envie de les cracher. C’est tout”, résume le vibrant regretté. Le récit (avec notamment son coscénariste, son assistant réalisateur et Romane Bohringer) d’une œuvre incroyablement engagée, d’un film testament et d’un artiste qui a inscrit sa chair dans un long métrage déterminant même si quelque peu oublié. (J.B.)

En pleine mer

Lundi 11 décembre à 20 h 30 sur la Trois.

Documentaire de Muriel Cravatte.

Sur le pont, une jeune femme scrute l’eau avec des jumelles. Dans les cales, une autre prépare des kits de vêtements. “Tous les jours, en Méditerranée centrale, des exilés tentent de fuir la Libye à bord d’embarcations de fortune, cadre la réalisatrice Muriel Cravatte. C’est la route migratoire la plus meurtrière au monde. Plus de 20 000 femmes, hommes et enfants y ont trouvé la mort entre 2014 et 2022. Au nom du devoir d’assistance, des citoyens, des associations et des ONG essaient de venir au secours de ces personnes en détresse.

Le navire humanitaire Ocean Viking et son équipage cosmopolite patrouillent. Ils repèrent un bateau en difficulté et assurent le sauvetage d’exilés entassés sur une embarcation de fortune en mal de carburant. “Vous n’allez pas retourner en Libye”, assure un des volontaires. Applaudissements unanimes et nourris. “Ce n’est pas pour l’appât du gain ou nous construire de grandes villas qu’on a émigré, explique un des miraculés. On a émigré pour pouvoir aider nos proches et nos enfants à sortir de la misère. À cause de la guerre, on ne pouvait rien faire. On n’avait pas de solution. On était coincés.” Il y a des hommes, des femmes parties seules avec leurs enfants…

© Temps Noir

Ils et elles racontent leur expédition. Les dangers de voyager seule quand on est une femme. On voit la prise en charge à même le bateau. Les garde-côtes libyens ne sont souvent pas bien loin. Pourquoi y mettent-ils un tel acharnement? “Pour justifier un minimum les dizaines de millions qu’ils reçoivent de l’Europe, répond un des observateurs aériens. Ce qu’il faut surtout ne pas oublier, c’est que les Libyens, qui sont le soutien des Européens, sont dans l’incapacité de repérer tous ces bateaux et donc de procéder à toutes ces interceptions. Un tel dispositif a été mis en place -à savoir des dizaines de millions d’euros, des avions, des drones- avec un seul objectif: repérer ces gens plus vite. Pas pour les secourir mais pour permettre qu’ils soient interceptés dans les plus brefs délais et donc ramenés en Libye. C’est abject.

À bord de l’Ocean Viking (à un certain moment, ils se retrouvent avec 387 personnes à bord, dont 150 mineurs non accompagnés et beaucoup d’enfants), les rescapés reçoivent les premiers soins. L’une apprend être enceinte. Les enfants regardent des dessins animés. Réalisatrice franco-belge diplômée de l’Insas, Muriel Cravatte a tourné pendant neuf semaines en Méditerranée centrale entre juillet et novembre 2022. À bord du navire de sauvetage affrété par l’ONG SOS Méditerranée donc, mais aussi dans un petit avion de l’association Pilotes Volontaires. Elle en tire un documentaire assez remarquable et profondément humain, qui questionne l’exil, nos politiques migratoires, l’accueil des réfugiés et le respect de leurs droits. À voir. (J.B.)

Les 2 Alfred

Lundi 11 décembre à 22 h 25 sur la Une.

Comédie de Bruno Podalydès. Avec Denis Podalydès, Sandrine Kiberlain, Bruno Podalydès. 2020.

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Cinéaste français amoureux maniaque du détail qui fait mouche et de la mécanique qui se dérègle, Bruno Podalydès (Dieu seul me voit, Adieu Berthe, Comme un avion) nous régale régulièrement de ses comédies loufoques et hédonistes où domine avec malice et générosité son talent si singulier d’observation. Dans Les 2 Alfred, il part de l’idée pas si fantasque d’un homme obligé de cacher sa paternité afin de trouver du travail (Denis Podalydès, frère et fidèle complice du réalisateur) pour se moquer du monde très codé de l’entreprise et son langage supposément branché. Il y détricote l’absurde idéal de croissance et de compétitivité de la société moderne en remettant de l’humour et de l’humain, de la poésie et de la douceur, au cœur même de l’hyper individualisation contemporaine. Moins pessimiste et technophobe que fantaisiste et lunaire, une irrésistible comédie anticipative qui joue du décalage entre l’homme et la machine dans la grande tradition du cinéma burlesque à la Chaplin. (N.C.)

The Red Lions, a Better Place

Lundi 11 décembre à 22 h 30 sur Tipik.

Série documentaire de Duke Tshomba.

Ça commence le 5 août 2021, juste avant la finale des JO. Champions du monde (2018) et d’Europe (2019), les Red Lions se sont hissés au sommet du hockey. Il ne leur manque plus que l’or olympique et il est à portée de stick. La série documentaire en quatre épisodes de l’ancien basketteur pro Duke Tshomba remonte vite le cours de l’Histoire pour retracer une “underdog story” comme la qualifie Simon Gougnard. Celle du petit pays qui n’a aucune chance, juste à côté de la Hollande. En une dizaine d’années, les hockeyeurs belges sont passés du statut de touristes à celui d’épouvantails. “Geen structuur”, peste un des frères Vandeweghe sur des vieilles images d’archives. De manière rythmée et léchée, un peu à la Netflix (avec parfois un peu trop d’effets de style), The Red Lions, a Better Place raconte la phénoménale ascension et la formidable performance d’un groupe hors du commun. Les Jeux olympiques de Rio et la cruelle défaite en finale. L’épopée complètement folle des championnats du monde en Inde. Le succès à domicile lors de l’Euro. Puis évidemment ce fameux couronnement olympique. Mais il revient aussi sur les histoires personnelles, parfois douloureuses d’ailleurs. Une épopée relatée par ses principaux acteurs (Félix Denayer, Vincent Vanasch, John-John Dohmen, Shane McLEod, Arthur Van Doren, Tom Boon et les autres). Mais où on croise aussi Jean-Michel Saive, Roberto Martínez et Alexander De Croo. (J.B.)

The Walking Dead: Dead City

Vendredi 15 décembre à 20 h 30 sur Be Séries.

Minisérie créée par Eli Jorné. Avec Lauren Cohan, Jeffrey Dean Morgan, Zeljko Ivanek.

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Prisée à ses débuts, la série The Walking Dead a fini en eau de boudin au terme de sa onzième saison. Moribonde, elle est toutefois devenue franchise: Fear the Walking Dead (huit saisons), The Walking Dead: World Beyond, Tales of the Walking Dead ou The Walking Dead: Daryl Dixon ont surtout valu pour les fans enragés. À l’image de ses zombies rôdeurs, la créature télévisuelle adaptée du comics de Robert Kirkman semble ne jamais devoir mourir. Ce nouveau prolongement mérite qu’on s’y attarde car il met en scène deux personnages emblématiques de la série originale et leur confère une complexité nouvelle: Maggie (Lauren Cohan) et Negan (Jeffrey Dean Morgan). La première doit accepter une alliance contre nature avec le second (qui avait éclaté le crâne de son mari à coups de batte cloutée -on est dans The Walking Dead) dans l’espoir de retrouver son fils, enlevé par le sombre leader d’un groupe de survivants, Le Croate (Zeljko Ivanek). Les voilà en route pour New York en mode survivaliste, alors que Negan est recherché pour meurtre par le Marshal de la Nouvelle Babylone, Perlie Armstrong (Gaius Charles). Les morts-vivants ont beau être plus mutants et effrayants, la véritable menace provient toujours des vivants déshumanisés. Les errances bourrées d’action de Negan (étrangement tempéré) et Maggie (déchaînée et intense) dans une Grosse Pomme rongée par la destruction surprennent par un shift à mi-saison, qui les entraîne dans un rythme et une imagerie aux marches de l’hallucination collective. (N.B.)

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