Les adaptations de livres, une mine d’or pour les séries TV

La série Interior Chinatown est un exemple réussi d’une grosse fournée d’adaptations de romans.
Nicolas Bogaerts Journaliste

Si de grandes sagas ont connu des adaptations depuis la nuit des temps télévisés, l’avènement du troisième âge d’or de la télé il y a vingt ans, a accéléré considérablement le mouvement. Dans ce domaine, 2024 a été féconde.

Les séries sont désormais un relais de croissance non négligeable des métiers de l’édition. Comme le cinéma, elles puisent copieusement dans les répertoires et les catalogues. Cette relation s’est d’ailleurs professionnalisée: les productions ont leurs éclaireurs chargés de traquer le roman, la nouvelle ou l’histoire qui frappera les esprits, et, pour se cantonner aux séries, s’adaptera au mieux au temps long, à richesse narrative et de personnages propres à ce domaine de la fiction. De leur côté, les agents littéraires et les maisons d’éditions sont également à l’affût pour d’éventuelles adaptations.

Qu’il s’agisse de grands succès ou de récits inconnus, le mouvement est bel et bien d’une certaine amplitude et à  ce titre, 2024 peut être considérée comme une année à retenir: Pachinko et Masters of the Air (Apple TV), Dune: Prophecy et The Sympathizer (HBO), Shōgun (Disney+), Le Problème à trois corps (Netflix) sont quelques titres saillants d’un millésime assez performatif de l’adaptation. Et de sa continuité, car les Chroniques de Bridgerton ou Silo basés sur les succès de Julia Quinn et Hugh Howey, en sont à leur troisième et deuxième saison déjà. Sur Prime, le deuxième volet des Anneaux de Pouvoir, préquel du Seigneur des anneaux, continue de plonger dans les œuvres de Tolkien pour en tirer un récit composite plutôt cohérent et représente cet amour du petit écran pour les grandes saga titulaires. Sans compter, enfin, les romans des habituels auteurs de best-seller Harlan Coben ou Michel Bussi, adaptés à un rythme presque industriel.

Et puis, il y a les séries qui révèlent une œuvre à un nouveau public, parfois lorsqu’elle provient d’un domaine étranger et qu’elle n’est pas encore traduite en français. C’est le cas de Interior Chinatown (Disney+) tiré d’un livre de Charles Yu, fascinant procédural qui écarte ses cadres à mesure que son personnage, Willis Wu (Jimmy O. Yang), passé de l’ombre à la lumière, éclaire quelques secrets familiaux et tabous culturels. D’autres projets n’ont pas hésité à revisiter des œuvres déjà adaptées. C’est le cas de One Day, roman de David Nicholls, passé par le cinéma en 2011 (réalisé par Lone Scherfig avec Anne Hathaway, Jim Sturgess, avant sa très belle version Netflix cette année, avec Leo Woodall and Ambika Mod). Quant à la précitée Shōgun de James Clavell, elle a aisément dépoussiéré et surpassé sa version de 1980 (avec Richard Chamberlain).

Adapter une série n’est pas tant l’assurance d’avoir un public déjà conquis, celui-ci étant de plus en plus les sens affinés du récit, qu’une garantie de période de développement plus courte, de référents (personnages, enjeux, thèmes, intrigues, …) moins coûteux à mettre en place dans les esprits. C’est aussi s’exposer aux attentes d’un public qui jugera toujours, du moins pour une part, l’adéquation à l’œuvre originale.

 

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