Le retour de Wonder Woman sur les écrans

Wonder Woman (Gal Gadot): charisme et regard en coin.
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Privée de grands écrans, Wonder Woman débarque en VOD et sur supports vidéo pour une nouvelle aventure féministe aux accents rétro assumés mais en résonance avec le présent.

On se bouscule entre super-héros de l’univers DC Comics sur les plateformes puisque, une semaine après la Justice League de Zack Snyder, c’est en streaming (et sur supports vidéo classiques) que l’on peut aujourd’hui découvrir Wonder Woman 1984, second volet des aventures d’une héroïne magistralement relancée en 2017 par le tandem Patty Jenkins, à la réalisation, et Gal Gadot sous les traits de Diana Prince. Un mode de diffusion inhabituel, conséquence, bien sûr, de la crise sanitaire, la sortie du film, initialement prévue en juin 2020 dans les salles, ayant été repoussée à plusieurs reprises sans que le lasso magique de la guerrière amazone n’ait rien pu y faire. Avant que, de guerre lasse, la Warner n’opte pour une exploitation parallèle sur grand écran et sur HBO Max aux États-Unis en décembre dernier, le reste du monde ayant suivi en ordre et sur supports dispersés. Une stratégie que le studio de Burbank a, du reste, peu ou prou appliquée à d’autres de ses productions coronavirées comme The Witches de Robert Zemeckis, ou Locked Down de Doug Liman, qui sera disponible en VOD dans quelques jours. Avec, pour l’heure, des résultats au box-office mitigés, Wonder Woman 1984 totalisant à ce jour 165 millions de dollars de recettes dans le monde, contre 821 pour son prédécesseur.

Vérité vs. mensonge

Celui-ci avait, il est vrai, fait mieux que répondre aux attentes, l’amazone héroïne venant apporter un souffle féministe bienvenu dans un paysage hollywoodien saturé de super-héros masculins tout en muscles à défaut d’expressions, le film opposant par ailleurs à la surenchère d’effets spéciaux masquant en général l’indigence scénaristique des blockbusters un esprit et un imaginaire vintage d’un fort bel effet. Arguments que l’on retrouve dans ce nouvel opus qui, passé un prologue imposant lors de Jeux amazones (histoire de rappeler que « la vérité est souveraine, aucun vrai héros ne naît du mensonge« ) , parachute Wonder Woman dans l’Amérique de 1984, celle des shopping malls notamment, où la jeune femme use, à l’occasion, de ses pouvoirs. Histoire, par exemple, de réduire, incognito pour ainsi dire, quatre braqueurs de bijouterie à l’impuissance. Une séquence clin d’oeil, qui aurait pu figurer dans les productions de l’époque, et une manière aussi de poser la distance humoristique de ce WW 1984, avant de passer aux choses sérieuses.

Employée au département archéologie et anthropologie du Smithsonian de Washington, Diana Prince y accueille une nouvelle collègue, Barbara Minerva (Kristen Wiig), une géologue d’une rare maladresse chargée d’identifier une série d’antiquités récupérées suite à un cambriolage. Parmi celles-ci, une pierre d’origine énigmatique et susceptible, à en croire la légende, d’exaucer les voeux de celui qui la tient. Si les deux scientifiques n’y accordent, de prime abord, qu’une attention distraite -même si Diana caresse vaguement l’espoir de voir réapparaître Steve Trevor (Chris Pine), sacrifié à la fin du premier épisode (« Je sauve la situation, tu sauves le monde« ), tandis que Barbara se verrait bien douée de l’allant et la confiance en soi de sa consoeur-, il en va tout autrement de Max Lord (Pedro Pascal), homme d’affaires et de télévision avide d’argent et de pouvoir. Un individu sans scrupules pour qui la roche mystérieuse pourrait bien constituer l’expédient le plus commode pour assouvir ses ambitions, alors même qu’il est guetté par la banqueroute. Et cela, quitte à précipiter le monde vers sa destruction…

Le retour de Wonder Woman sur les écrans

Empouvoirement féminin

Wonder Woman consacrait, il y a quatre ans, l’avènement d’une nouvelle génération de super-héroïnes, brèche dans laquelle allait ensuite s’engouffrer Carol Danvers alias Captain Marvel, en attendant Black Widow (en proie, elle aussi, à des reports successifs). Sans surprise, cette nouvelle aventure poursuit dans la même veine, affirmant un agenda féministe que Gal Gadot incarne avec prestance et incontestable charisme (assorti, à l’occasion, d’un sourire en coin), Kristen Wiig en assurant pour sa part la déclinaison au premier degré, notamment lors d’une scène la confrontant au machisme et au sexisme ordinaires à la mode de 1984. Mais si l’indépendance et l’empouvoirement féminins sont au coeur du propos, cette dimension n’écrase pas pour autant ce qui reste un film d’aventures réussissant à concilier ton et humour volontiers rétro, renouant avec l’esprit et même parfois la facture des productions des années 80, avec le présent.

Difficile en effet de ne pas voir en Max Lord un ersatz de Donald Trump, et l’on peut même prêter à Patty Jenkins et Geoff Johns, son coscénariste, une forme de prescience, le film plongeant à sa suite Washington dans un chaos auquel les événements du Capitole, le 6 janvier dernier, ont apporté un certain crédit. De quoi, en tout état de cause, donner à l’affaire un surcroît de piquant et anticiper sur un troisième épisode que la rumeur annonce comme se déroulant dans les années 2020. En attendant quoi Wonder Woman 1984, sans avoir l’éclat de son prédécesseur et en dépit de sa longueur excessive et d’une intrigue et d’un rythme par endroits flottants, fait mieux que remplir son contrat de divertissement hors du temps, quelque part entre mythologie et présent. Non sans, et ce n’est pas la moindre de ses qualités, préserver à sa super-héroïne, une fort humaine dimension…

Wonder Woman 1984. De Patty Jenkins. Avec Gal Gadot, Kristen Wiig, Pedro Pascal. 2 h 31. Disponible en VOD sur Telenet, Proximus, BeTV, iTunes, Apple TV, Google Play, YouTube, Microsoft Xbox et Rakuten TV, ainsi qu’en Blu-ray, DVD et 4K UHD. ***(*)

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