Critique | Netflix

[la série de la semaine] Voir, sur Netflix: la vie en films

Nicolas Bogaerts Journaliste

La nouvelle production Fincher pour Netflix est une ode au cinéma (mais pas que) et à la relation que nous tissons avec lui et le monde.

Quelque part entre les capsules Blow Up d’Arte et la série The Movies That Made Us, David Fincher et David Prior, dans le cadre du contrat de production qui lie le premier à la plateforme de streaming, ont trouvé un créneau pour traiter de manière singulière la puissance d’évocation du cinéma -et de la fiction en général, les séries télés, Les Soprano ou Game of Thrones y occupant une place non négligeable. Six épisodes de longueur et de qualité variables, autant de lettres d’amour autobiographiques dont les auteurs, critiques et blogueurs cinémas américains sont inconnus par ici. Parmi eux, on retrouve Taylor Ramos et Tony Zhou, créateurs entre 2014 et 2016 d’une série de 28 essais vidéos analytiques, Every Frame a Painting (disponibles sur YouTube et Vimeo). Voir en reprend peu ou prou le squelette pour questionner les liens que nous avons tissé avec cinéma, la manière dont celui-ci s’est hissé dans nos manières de grandir, d’apprendre, de nous émouvoir, de voir le monde.

Sur un riche corpus d’extraits qui balaie toute l’Histoire de la discipline, la demi-douzaine de narrateurs égrainent en voix off, parfois aidés de pros du métier, le terreau de leur cinéphilie respective. Un épisode raconte la fascination pour l’écran qui naît entre les mâchoires des Dents de la mer, et les rituels du blockbuster de l’été, rendez-vous inauguré par le film de Spielberg en 1975. Un autre, partant du film Lady Vengeance (Park Chan-Wook) suit l’évolution des concepts de vengeance et de justice dans le cinéma, et de la place qu’y tient la violence. Si les thèmes illustrés par Voir sont régulièrement abordés dans les essais sur le cinéma, les réalisateurs ou leurs grands mouvements, le point de départ est ici toujours l’expérience personnelle ouvrant vers plus grand que soi.

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Partage d’expérience

Pourquoi les personnages cinématographiquement admirables sont souvent humainement repoussants, dangereux, violents? Qu’est-ce qui fonde l’attirance pour les personnages de dessins animés? Un film peut-il être populaire, commercial et poser des questions cruciales sur la société? Sur ce point, le critique Walter Chaw fait une remarquable démonstration autour du film 48 Hours de Walter Hill. À travers les personnages de meilleurs ennemis joués par Nick Nolte et Eddie Murphy, Chaw évoque l’irréconciliable malentendu du melting pot américain. À rebours d’une masterclass sur le langage ciné, Voir raconte de manière chorale l’ancrage dans la mémoire collective, individuelle, universelle, de nos premières expériences du sublime. Et fait de l’écran plus qu’une distraction, une bouée de sauvetage dans un monde qui vacille.

Voir

Une série documentaire créée par David Fincher et David Prior. Disponible sur Netflix. ***(*)

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