Interceptés ce soir sur Arte. Quand les soldats russes parlent des Ukrainiens: “Ce matin, on a chopé trois petits nazis. On les a démolis”
Titre - Interceptés
Genre - Documentaire
Réalisateur-trice - Oksana Karpovych
Quand et où - Mardi 10 décembre à 22 h 30 sur Arte
Interceptés superpose les images d’une Ukraine en ruine, de routes et de villes dévastées, de façades éventrées, de tanks abandonnés en pleine nature ou encore de gamins qui jouent au volley au son des sirènes et ces conversations de militaires russes avec ceux qui leur sont chers.
« Sur le front en Ukraine, les soldats russes ont passé de nombreux appels à leurs familles et à leurs proches restés au pays. Les services secrets ukrainiens les écoutaient. Depuis le début de l’invasion à grande échelle, ils ont régulièrement rendu publiques les conversations interceptées. Les appels entendus dans ce film ont été enregistrés entre mars et novembre 2022. » Le format d’Interceptés est surprenant. L’effet aussi puissant que glaçant.
Oksana Karpovych a écouté les enregistrements de quelque 900 conversations privées captées et diffusées sur Internet par Kiev. Elles sont parfois tout sauf prophétiques. « Le seul moyen de partir, c’est dans un bus avec une croix rouge. (…) Je pense qu’on va bientôt en finir. Soit dès demain, on défonce ces maudites villes et on les tue tous. On écrase ces chiens de Khokhols. Soit on rentre tous bientôt à la maison. » Elles sont souvent effarantes. « Ici, tu vois, on arrête plein de nazis. J’ai déjà arrêté de compter. Ce matin, on a chopé trois petits nazis. On les a démolis. » « Tout le monde dit que quand on les attrape et qu’on leur casse les doigts, ça ne leur fait rien. » « On avait envie de viande. Alors, on a tué un chien. » « Quand il y avait des civils, je les balançais dans les tranchées. Une balle dans la tête pour les achever. Ils pleuraient, me suppliaient. Je tirais quand même. »
Interceptés raconte la haine, la torture, le pillage, l’absurdité, la peur. La mort. Les morts, leur odeur. La désinformation. Il dit aussi le bordel d’un pays, la Russie, manipulé par ses dirigeants. Les doutes sur le champ de bataille, le soutien et l’aveuglement au pays. « Civils ou pas. On rentre partout. On récupère toutes leurs conserves. Ca sert à rien d’avoir pitié. – Bien sûr, mon lapin. Ce sont tous des traîtres. » « Il y avait une mère qui marchait avec ses deux enfants. Nos hommes lui ont tiré dessus devant eux – Logique, c’est une ennemie elle aussi. » Une gamine demande à son père de tuer au plus vite tous les Ukrainiens et de rentrer à la maison. D’autres remarques sont plus barbares. « Tuez-les. Tuez toutes ces saletés. Et faites en des brochettes. »
Même si, on l’imagine, les Ukrainiens ont mis en ligne les conversations les plus utiles leur cause, Interceptés est édifiant. « Ils ont fait venir des détenus de prison. Et ils les ont envoyés tout devant en première ligne. Nous, on fait barrage. Si quelqu’un revient en arrière, on le tue. C’est comme ça que c’est organisé. Derrière nous, il y a encore une ligne, on ne peut pas reculer. Si on s’enfuit, on se fait tirer dessus par les nôtres. » Qu’ajouter?
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