Il vaut quoi, cet épisode interactif de Black Mirror sur Netflix?

Fionn Whitehead © Netflix
Kevin Dochain
Kevin Dochain Journaliste focusvif.be

Avec Bandersnatch, Charlie Brooker appose le principe des « livres dont vous êtes le héros » à sa série Black Mirror. Simple exploit technologique ou réelle réussite meta?

C’était le cadeau de fin d’année de Netflix à ses abonnés: un épisode bonus de Black Mirror -la cultissime série d’anticipation anglaise dont il a racheté les droits en 2015- où le spectateur influe sur les choix du héros (et donc sur le cours du récit) à coups de télécommande. Sur papier, l’aventure est particulièrement alléchante, nous rappelant les « livres dont vous êtes le héros » qui fourmillaient dans les années 80/90.

Ce n’est pas la première fois que Netflix s’engage dans le contenu interactif: le géant du streaming avait déjà tâté le terrain du côté des dessins animés, avec des épisodes du Chat potté ou de Buddy Thunderstruck. Mais le résultat, plutôt mitigé, devait son manque d’ambition au format court imposé. Ici, avec Bandersnatch, c’est une autre paire de manches. Et les chiffres annoncés parlent d’eux-mêmes: 5 heures d’images, « mille milliards de combinaisons possibles » et au moins cinq fins totalement différentes.

Bandersnatch, c’est donc l’histoire d’un jeune programmeur, Stefan (Fionn Whitehead, vu dans Dunkerque), qui ambitionne d’adapter un… livre dont vous êtes le héros en jeu vidéo. Nous sommes en 1984 et le jeune homme est recruté par la société pour laquelle travaille son héros, Colin (Will Poulter, vu dans The Revenant). On n’en dira pas plus sur le synopsis, puisqu’au-delà, c’est tout un chacun qui en écrira sa version.

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Et donc, une réussite?

Une fois contournés les couacs techniques (l’épisode n’étant pas compatible avec notre smart TV, l’option Playstation s’est imposée), on s’est donc retrouvé, manette en main, à faire des choix toutes les deux minutes, sur des sujets plus (j’accepte de bosser avec eux?) ou moins (quelles céréales pour le déjeuner?) cruciaux. Certains ayant une vraie incidence sur le récit, d’autres étant totalement anecdotiques.

Au terme de l’aventure (on a poussé le vice à recommencer plusieurs fois l’épisode pour explorer un maximum de possibilités (1)), plusieurs constats s’imposent. Primo, Black Mirror est de plus en plus une série qui se regarde le nombril, les références à sa propre « mythologie » se multipliant comme jamais. Secundo, il y a quelque chose de particulièrement croustillant dans le discours meta, la mise en abyme et le recul critique sur le monstre qu’est Netflix. Petit à petit, on fait vraiment partie de l’action et les quelques scènes où Stefan s’adresse directement à nous sont savoureuses. Tertio, on a un peu vite eu l’impression d’être forcé à faire certains choix, le « game over » pointant un peu vite son nez dans certaines situations (mais, comme dans un jeu vidéo, on peut recommencer facilement du début).

Et au final, si on est face à du Black Mirror de bonne facture, on se dit qu’on est (très) loin de l’intensité d’un National Anthem ou d’un White Bear, ces deux épisodes ultra-marquants de l’ère pré-Netflix. Bref: chapeau pour l’exploit technologique, merci pour l’expérience, mais pour la claque, on repassera…

(1) Un internaute a réussi à cartographier l’ensemble de l’épisode, disponible ici sous forme d’infographie.

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