On ira: une comédie familiale en forme de road-movie sur la fin de vie

Dans On ira, Hélène Vincent incarne Marie, décidée à mettre fin dignement à ses jours en Suisse.

Rudy (Pierre Lottin), aide à domicile un peu paumé, accepte d’accompagner l’une de ses patientes, Marie, (Hélène Vincent) pour son dernier voyage, terminus la Suisse, un contrat aussi officieux que bancal: atteinte d’un cancer généralisé, elle souhaite mettre fin dignement à ses jours. Elle a juste omis de clarifier auprès de son fils et de sa petite-fille, eux aussi du voyage, l’objet final du déplacement. Alors patiemment, Rudy va accompagner cette petite famille dans cet au revoir désorganisé. On ira, comédie familiale qui emprunte consciencieusement les codes du road-movie, aborde un sujet de société particulièrement brûlant en France, où la conversation bat son plein sur les questions de la fin de vie et de l’aide à mourir.

Il est indéniable que la fiction, d’autant plus quand elle prend les atours d’un cinéma populaire soigné et soigneux des enjeux qu’il soulève, peut contribuer à enrichir le débat public. Si le scénario est un peu convenu, voire très prévisible, l’interprétation d’Hélène Vincent, impeccable en femme âgée fatiguée de souffrir, d’une grande lucidité sur ses droits et ses aspirations, contribue à incarner une parole frontale et chargée d’humanité. Sa relation avec sa petite-fille (convaincante Juliette Gasquet), qui entame sa puberté, vient aussi mettre en perspective l’étendue d’une vie de femme, et souligne discrètement la nécessité de disposer de son corps, du début à la fin. Cette transmission silencieuse qui passe plus par les regards que par les mots insuffle au film une émotion sincère, quand les adultes officiels (en premier lieu le père d’Anna, interprété par le très touchant David Ayala), sont eux-mêmes dépassés par leurs responsabilités. En retrait, Rudy, rôle taillé sur mesure pour Pierre Lottin, observe, comme nous, cette famille faire la paix à sa manière avec le cycle de la vie.