Julianne Moore et Sydney Sweeney forment un duo mère-fille toxique dans ce thriller retors et surprenant.
Echo Valley
Disponible sur Apple TV+
Drame/ Thriller de Michael Pearce. Avec Julianne Moore, Sydney Sweeney, Domhnall Gleeson. 1h45.
La cote de Focus: 3/5
Si des œuvres comme For All Mankind, Severance ou encore Slow Horses ont permis à Apple TV d’acquérir un indéniable prestige dans le milieu des séries SVOD, il est difficile d’en dire autant de leurs longs métrages. Du blockbuster insipide (Fountain of Youth) au film d’horreur de seconde zone (The Gorge), en passant par la grosse production en deçà des attentes (le Napoléon de Ridley Scott), l’offre de la plateforme côté cinéma manque singulièrement d’intérêt et de fulgurances. Echo Valley, scénarisé par le talentueux Brad Ingelsby (créateur de l’excellente série HBO Mare of Eastown) et porté par un beau casting, tente de changer la donne.
Kate Garrett (Julianne Moore), propriétaire d’une ferme en Pennsylvanie, survit péniblement grâce aux chèques de son ex-mari et à quelques cours d’équitation donnés çà et là. La situation est d’autant plus précaire que sa fille Claire (Sydney Sweeney) a des tendances borderline et toxicomane. Le suspense s’invite dans l’intrigue lorsque cette dernière surgit à la ferme d’Echo Valley en pleine nuit, couverte du sang de son compagnon. En mère aimante et désespérée, Kate décide de tout faire pour masquer le crime commis par sa fille.
Si Echo Valley prend indubitablement le virage d’un thriller, sa tonalité emprunte d’abord à un certain héritage social. A l’instar de sa série Mare of Eastown, Brad Ingelsby dessine ici avec patience le quotidien de cette femme esseulée. Il a le bon goût d’inscrire son récit dans une réalité tangible, loin des excès habituels de ce type de thriller. Au diapason de cet ancrage, la mise en scène de Michael Pearce (Jersey Affair) fait le pari d’une élégante sobriété, à défaut d’être foncièrement inspirée.
Au cœur de l’histoire, il y a évidemment la relation mère-fille entre Kate et Claire. En mettant progressivement son héroïne face aux conséquences de son amour inconditionnel, l’intrigue retorse d’Echo Valley interroge l’amoralité tapie en chacun de nous. Une thématique qui résonne d’autant plus que le personnage de Kate suscite immédiatement l’empathie, grâce à la performance toute en vulnérabilité de Julianne Moore. En jeune adulte imprévisible, Sydney Sweeney convainc également, même si son personnage s’avère finalement trop en retrait pour que l’émotion surgisse. Le scénario aurait sans doute gagné à resserrer son récit autour de son excellent duo, quitte à sacrifier quelques péripéties dispensables. En l’état, Echo Valley s’impose comme un petit thriller plutôt surprenant et bien interprété, qui aurait pu emmener son récit plus haut avec davantage d’audace et de créativité. Une bonne pioche pour Apple TV, qui remonte (un peu) la pente dans le catalogue des longs métrages originaux.