Titre - Griselda
Genre - Drame/Biopic
Réalisateur-trice - Créé par Doug Miro, Carlo Bernard et Ingrid Escajeda
Quand et où - Disponible sur Netflix
Casting - Avec SofÍa Vergara, Juliana Aidén Martinez, Alberto Guerra
Désireux de montrer la puissance d’une femme face au sexisme du milieu des narcotrafiquants, Griselda sombre hélas dans les lieux communs.
L’équipe derrière Narcos –le scénariste Doug Miro, le producteur Eric Newman et le réalisateur Andrés Baiz- met sur les rails de Netflix Griselda Blanco, Ma Dalton impitoyable, calculatrice et insaisissable qui a pris la tête, aux confins des années 70 et 80, du trafic de cocaïne à Miami dans un bain de sang. Dans Griselda, sa trajectoire est l’occasion d’une parabole autour du sexisme et de la difficulté des femmes pour se faire un place dans le monde. Celui de la drogue comme celui de la police, à l’image de June (Juliana Aidén Martinez), la jeune enquêtrice qui se lance à sa poursuite malgré les découragements teintés de mépris de ses collègues. Bien. Mais cette critique légitime s’efface derrière un divertissement pulp, efficace mais désensibilisé aux ravages humains, sanitaires, sociaux et politiques (et donc forcément genrés) du trafic. Au contraire de la démarche un tant soit peu pédagogique de Narcos.
De Modern Family à Griselda
Ici, dans un rythme accéléré, bouclé en six épisodes et lardé de multiples ellipses, tout est écrit pour dérouler le tapis rouge à l’actrice (et ici coproductrice) Sofía Vergara. Aux antipodes de son rôle comique de femme trophée à la langue qui fourche dans Modern Family, elle ne retient ni son souffle ni ses colères pour incarner Griselda Blanco. Masqué sous une prothèse, son visage est méconnaissable et les motivations intimes de son personnage, insaisissables. Pourquoi, alors qu’elle fuit Medellín avec ses trois enfants après avoir tué son mari abuseur et porte-flingue des cartels locaux, s’échine-t-elle à monter son business dans le plus périlleux des marigots? Outre le fait que la véritable Griselda était déjà active depuis quelques années à New York avant d’arriver à Miami, et qu’elle a été abusée sexuellement depuis l’enfance -ce que la série se dispense de nous dire-, ses motivations disparaissent dans un crescendo de décisions impulsives.
Certes, le mépris ou les fins de non- recevoir que lui impose la gent masculine à chaque occasion nourrissent toujours un peu plus, à raison, sa soif de victoire. Il est dès lors facile de prendre fait et cause pour elle. D’autant que les personnages secondaires sont pour la plupart unidimensionnels, avec peu d’aspérités et de marge d’évolution. Mais la série jette tout dans la mêlée, laissant les spectateurs se gaver de séquences ciselées dans la plus pure tradition du rapport fascination-répulsion pour son sujet: scènes d’actions efficaces, abondance de travellings, violence graphique assumée, esthétique rétro, musiques aguichantes (avec des choix bizarres, tels Gainsbourg, Dalida, Joe Dassin) et, un comble, femmes hyper sexualisées.
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